Le groupe industriel américain General Electric (GE) prévoit de relancer à grande échelle aux États-Unis un procédé d'enrichissement de l'uranium au laser, ce qui suscite de nombreuses craintes quant à la prolifération nucléaire, rapporte le New York Times.

Un demi-siècle d'échec n'aura pas suffi à enrayer les tentatives d'enrichissement de l'uranium au laser : une entreprise américaine teste actuellement cette technique qui fait craindre de nouveaux risques de prolifération. En effet, le New York Times publie une longue enquête qui révèle que "General Electric teste avec succès depuis deux ans un procédé d'enrichissement de l'uranium au laser" dans une installation située près de Wilmington, en Caroline du Nord dans l'Est des Etats-Unis. Le quotidien américain cite ainsi Christopher Monetta, le président de Global Laser Enrichment, la filiale de GE et du groupe japonais Hitachi qui exploite cette installation : "nous sommes actuellement en train de parfaire les plans" d'un projet d'extension.

Selon le quotidien, le groupe "a demandé aux autorités fédérales l'autorisation de construire une usine d'un coût d'un milliard de dollars afin de produire du combustible nucléaire en grande quantité" et a obtenu l'assurance d'obtenir une réponse "d'ici à l'année prochaine". Si l'on en croit Christophe Monetta cité par l'AFP, "l'usine prévue enrichirait alors chaque année suffisamment d'uranium pour alimenter jusqu'à 60 grands réacteurs".

Des craintes d'une prolifération nucléaire

Le projet de GE et Hitachi fait craindre aux associations soucieuses de la non-prolifération nucléaire "la révélation au public qu'un demi-siècle d'échec de l'enrichissement au laser semble en train de s'achever" et que celui-ci n'a pas suffi à décourager les sociétés d'utiliser ce procédé. En effet, la technique de l'enrichissement de l'uranium au laser est connue depuis les années 1960 mais la recherche sur le sujet a été plus ou moins abandonnée, car la méthode apparaissait difficile à rentabiliser. Du moins, jusqu'à ce que des chercheurs australiens mettent au point un procédé satisfaisant au milieu des années 1990, écrit le New York Times. Selon l'article, GE a alors racheté en 2006 leur brevet baptisé Silex, acronyme anglais pour "séparation des isotopes par excitation au laser".

Mais plus inquiétant encore : les associations redoutent que le procédé puisse tomber entre les mains d’États comme l'Iran ou de groupes terroristes et être utilisé à la fabrication d'une bombe nucléaire. L'enrichissement de l'uranium a pour but d'augmenter la teneur du minerai brut en isotope 235, seul nucléide naturel qui soit fissile. Lorsqu'il est enrichi à environ 4% en uranium 235, le matériau radioactif peut être utilisé comme combustible dans une centrale nucléaire, mais à 90 %, il peut servir à fabriquer une bombe atomique.