Auteur de l'article: Cédric DEPOND

Des scientifiques chinois ont récemment découvert la molécule qui accroche les spermatozoïdes à un ovule. Cette découverte majeure pourrait permettre l'invention de nouveaux traitements contre l'infertilité, mais aussi de nouveaux moyens de contraception.

L'équipe de l'université de Hong Kong, en collaboration avec l'Academia Sinica de Taïwan, l'université du Missouri aux États-Unis et l'Imperial College de Londres, viennent de publier les résultats de cette recherche, démarrée en 2009, dans la revue Science. Ils ont réussi à isoler une molécule qui serait responsable de l'adhésion du spermatozoïde à l'enveloppe de l'ovule.

Cette molécule, nommée sialyl-LewisX (SLeX), agirait comme une colle pour permettre aux gamètes féminin et masculin de rester ensemble (le spermatozoïde se lie au revêtement de la matrice extra-cellulaire de l'ovocyte: la zone pellucide), et ce jusqu'à la fin de la fusion pour commencer le processus de fertilisation (le spermatozoïde s'insère dans la matrice qui fusionne avec l'ovule, générant un zygote). Cette molécule serait très abondante sur la surface de l'ovule.

Afin d'aboutir à cette conclusion, les scientifiques ont utilisé des nouvelles technologies comme l'imagerie par spectrométrie, qui a permis d'identifier précisément la molécule qui réalise le processus de liaison. Ils ont ensuite expérimenté une gamme de sucres synthétisés en laboratoire, et ont testé le résultat en utilisant les couches extérieures d'ovules humains non fécondés.

Cette découverte pourrait permettre aux médecins de comprendre l'infertilité de certains patients, dans les cas où celle-ci résulterait de l'absence de cette molécule. Mais au-delà du traitement de l'infertilité, il serait aussi possible de s'appuyer sur cette recherche pour développer des agents naturels de contraception qui empêcheraient la fixation des spermatozoïdes à l'ovule.

Espérons que les résultats de cette étude soient rapidement exploités pour aider à traiter les 15% de couples qui connaissent des problèmes de fertilité. Les scientifiques pensent que des traitements cliniques pourraient débuter d'ici deux ans. Suite à cette découverte, ils souhaitent maintenant se retourner vers les spermatozoïdes pour comprendre quelle protéine leur permet de reconnaître l'ovule.