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Le dicton incitant à petit-déjeuner comme un roi, déjeuner comme un prince et dîner comme un pauvre est battu en brèche.

En matière de nutrition, les recommandations se suivent et ne se ressemblent pas forcément. Alors que, depuis longtemps, les spécialistes insistent sur la nécessité de prendre un petit déjeuner copieux, a fortiori s'il l'on désire perdre des kilos, une nouvelle étude prône le contraire. Selon ses auteurs, un apport calorique limité au petit déjeuner entraînerait une consommation totale de calories plus faible tout au long de la journée. Ils conseillent donc aux personnes en surpoids qui cherchent à maigrir de simplement manger moins au réveil.

Au départ, les chercheurs voulaient évaluer la relation entre les apports énergétiques au petit déjeuner et ceux sur l'ensemble de la journée, chez des individus de différentes corpulences. L'apport énergétique journalier (AEJ) ainsi que la répartition quotidienne des calories (au petit déjeuner, déjeuner, dîner et collations) ont été mesurés chez 280 individus obèses (indice de masse corporelle moyen de 36,6 kg/m²) et 100 individus minces (IMC moyen de 22,5 kg/m²), pendant une douzaine de jours. Résultat : l'apport journalier était directement corrélé à la prise de calories au cours du petit déjeuner, aussi bien chez les personnes minces que chez celles en surpoids. Ainsi, le jour où elles consomment 120 kcal au petit déjeuner, leur AEJ était d'environ 1 600 kcal/j, alors que ce dernier dépassait les 2 000 kcal le jour où le petit déjeuner en fournissait 600. Pour les auteurs, cela s'explique par le fait que les apports du déjeuner et du dîner sont très stables - aux environs de 550 kcal chacun -, ce qui empêche tout effet de compensation calorique.

Un travail jugé intéressant par le Dr Pierre Azam, président de l'Observatoire de l'obésité, même s'il ne détaille pas les aliments consommés par les différentes personnes au fil de la journée. "Il prouve que le petit déjeuner n'est pas l'élément essentiel de toute alimentation équilibrée", estime ce nutritionniste parisien. "D'ailleurs, bon nombre de personnes très minces ne mangent rien le matin. Cette étude devrait également inciter les médecins à encore mieux adapter les régimes prescrits aux individus en surpoids en tenant compte de leurs modes de vie, de leur fonctionnement, de leurs envies et besoins." En d'autres termes, il est inutile d'imposer un petit déjeuner copieux à tous les candidats à l'amincissement.

En revanche, certains effets bénéfiques du petit déjeuner restent indéniables. D'abord, le fait de manger le matin permet de structurer la journée autour des trois repas traditionnels et donc d'éviter les tentations de grignotage. Ensuite, l'organisme a besoin d'énergie dans la matinée pour être capable d'apprendre et de travailler correctement. Cela a été démontré chez l'enfant ; c'est aussi vrai chez l'adulte. "Ceux qui ne prennent pas de petit déjeuner profitent souvent de leur première pause-café pour s'octroyer une collation, qui peut être trop grasse et sucrée", ajoute le spécialiste. Enfin, l'énergie apportée le matin est directement disponible, à la différence de celle déjà stockée dans l'organisme, y compris après un dîner copieux la veille.