Source: Jean Hamann - Université Laval

Des chercheurs ont mis au point une méthode pour visualiser l'état de santé d'un neurone in vivo.

Une équipe formée de chercheurs de l'Université Laval et de l'Université Harvard a développé une méthode qui permet de "voir" l'état de santé d'un neurone dans un organisme vivant. L'article dans lequel ils dévoilent les détails de ce procédé est paru il y a quelques jours dans le site de Biomedical Optics Express, une revue scientifique publiée par l'Optical Society of America.

Un nerf est formé d'un faisceau de neurones. La partie allongée de chacun de ces neurones - appelée axone - est entourée d'une couche de myéline. "La myéline joue le même rôle que la gaine d'un fil électrique. Elle fait office d'isolant, facilitant ainsi la transmission de l'influx nerveux", explique l'un des auteurs de l'étude, Daniel Côté, professeur au Département de physique, de génie physique et d'optique.

Plusieurs types d'atteintes névralgiques - qu'on pense aux coups, aux chocs répétitifs, aux infections bactériennes ou aux maladies neurodégénératives, notamment la sclérose en plaques - provoquent une résorption de la gaine de myéline. Comme la transmission de l'influx nerveux est alors perturbée, il en résulte des engourdissements, des douleurs ou un mauvais contrôle musculaire; ces problèmes s'estompent lorsque la myéline se régénère. L'épaisseur de l'enveloppe de myéline peut donc servir à établir la gravité d'une atteinte neuronale ou l'efficacité d'une thérapie.

Jusqu'à présent, la seule façon de mesurer avec précision l'épaisseur de cette enveloppe était d'exciser une section du nerf, d'en faire des coupes histologiques et de les examiner au microscope. Rien pour soulager une douleur névralgique. Érik Bélanger, Réal Vallée, Daniel Côté (Centre de recherche Université Laval Robert-Giffard et Centre de recherche en optique, photonique et laser) et leurs collaborateurs de Harvard, les chercheurs Henry, Randolph, Kochevar, Winograd et Lin, ont mis au point un procédé d'imagerie multiphotonique qui combine laser et microscopie. "Nous pouvons mesurer l'épaisseur de la couche de myéline autour d'un axone, avec une précision de 1 micron ou moins, chez des animaux vivants, affirme Daniel Côté. Aucun autre procédé d'imagerie ne permet d'avoir une telle résolution in vivo."

Les chercheurs ont validé leur technique en étudiant un groupe de rats de laboratoire dont le nerf sciatique avait été pincé. Les données sur l'amincissement et la régénération subséquente de la couche de myéline obtenues à l'aide de leur procédé collent aux résultats produits par microscopie classique. Elles concordent aussi avec le rétablissement des capacités locomotrices des animaux étudiés.

Il reste encore des obstacles à surmonter avant que cette méthode puisse être employée chez l'humain, prévient le professeur Côté. L'un d'eux est de taille: contrairement à l'échographie ou à l'imagerie par résonance magnétique qui permet de voir à travers les tissus, le système mis au point par les chercheurs ne fonctionne qu'à proximité d'un nerf. Il faudra donc adapter ses composantes pour en faire un instrument semblable à ceux utilisés en endoscopie.