Peau artificielle pour robot
Par Benje le dimanche, novembre 20 2011, 00:56 - Nouvelles Scientifiques - Lien permanent
Source: Florence Pagé-Larivière - Université Laval
La mise au point d'une peau artificielle pour robot pourrait marquer le début d'une ère de coopération plus étroite avec les humains.
Les robots pourraient bientôt percevoir les sensations tactiles et y
réagir grâce à une peau artificielle. Cette percée technique, réalisée
au Laboratoire de robotique de l'Université Laval, constitue une avancée
majeure dans la coopération humain-robot et suscite de grands espoirs
dans les milieux industriels.
Depuis les années 1970, la présence des robots dans les usines n'a cessé
de croître, si bien qu'on estimait leur nombre à plus de 1 million en 2009. Toutefois, ces robots représentent une menace réelle pour les travailleurs à cause de leur immense puissance,
de leur programme opérationnel fixe et imperturbable et de leur
incapacité à percevoir la présence humaine. Ainsi, une ségrégation
complète a été instaurée au sein des usines afin d'éviter les accidents
entre travailleurs et robots. Toutefois, l'industrie aurait beaucoup à
gagner à combiner la capacité d'analyse et la dextérité des humains à la force et à la rapidité d'exécution des robots.
Au Département de génie mécanique, le professeur-chercheur Clément
Gosselin et son équipe s'affairent à maximiser la coopération
humain-robot dans un cadre qui soit sûr pour l'utilisateur tout en étant
hautement efficace. Leurs travaux portent notamment sur la mise au
point d'une peau pour robot sensible à la pression, extensible,
résistante, déformable et peu dispendieuse. "Les peaux de robots que
nous concevons dans notre laboratoire servent principalement à interagir avec eux, explique le professeur Gosselin. Si on pousse
légèrement sur un robot doté d'une telle peau, il sait qu'il y a eu un
contact et il en déduit une intention de l'utilisateur. Il interprète le
toucher comme une commande pour effectuer un mouvement."
Ainsi, plutôt que d'être limités à des programmes inflexibles, ces
prototypes de robots assistent l'opérateur et répondent en temps et lieu
à ses requêtes, comme s'ils étaient le prolongement du corps du
travailleur. De plus, la perception tactile prévient les accidents de
travail puisqu'un contact indu, détecté grâce à cette peau, est
interprété comme un message d'arrêt par le robot.
Bien que la peau de robot soit toujours au stade de prototype, son
élaboration basée sur des technologies simples et relativement fiables
permettra sa mise en marché dans un horizon de 5 à 10 ans, croit Clément Gosselin. Le faible coût des matériaux
et des procédés de fabrication contribuera à son utilisation à une
large échelle. "On souhaite faire sortir les robots des endroits où ils
sont cloîtrés, les voir intégrer davantage le quotidien des gens, à la maison ou en milieu hospitalier, par exemple, et maximiser leur potentiel dans les industries."