Les taux de caféine dans l'eau indicateurs de pollution humaine
Par Benje le dimanche, novembre 27 2011, 19:08 - Nouvelles Scientifiques - Lien permanent
Source: Université de Montréal
Des chercheurs dirigés par le professeur Sébastien Sauvé du Département de chimie de l'Université de Montréal ont découvert que les traces de caféine sont un indicateur utile de la contamination de nos cours d'eau par les égouts. "L'analyse de coliformes fécaux est couramment utilisée pour évaluer et réguler les niveaux de pollution
de nos cours d'eau par les matières fécales contenues dans les rejets
d'eaux pluviales. Toutefois, parce que les réseaux de collecteurs
pluviaux recueillent les eaux de ruissellement, des sources non humaines
peuvent contribuer de manière significative aux niveaux observés", a
expliqué Sébastien Sauvé. "Notre étude a permis de conclure qu'il
existe une forte corrélation entre les niveaux de caféine que l'on
trouve dans les cours d'eau et le niveau de bactéries,
et que les chimistes peuvent par conséquent utiliser les niveaux de
caféine comme un indicateur de pollution provenant des systèmes
d'égouts."
Les chercheurs ont prélevé des échantillons d'eau dans des ruisseaux,
des cours d'eau et les conduits de rejets d'égouts pluviaux qui
recueillent les eaux de l'île de Montréal. Ils les ont analysés pour
découvrir s'ils contenaient de la caféine, des coliformes fécaux et un
troisième indicateur suspect, la carmabazépine. De manière surprenante,
tous les échantillons contenaient différentes concentrations de ces
contaminants, ce qui laisserait entendre que la contamination s'étend
partout dans les milieux urbains. La carmabazépine est un
anticonvulsivant de plus en plus utilisé dans divers traitements
psychiatriques, et les chercheurs pensent qu'elle pourrait être un
indicateur utile parce qu'elle se dégrade très lentement. Toutefois,
contrairement à la caféine, aucune corrélation n'a été trouvée.
Pour se dégrader dans l'environnement, la caféine prend de quelques
semaines à deux ou trois mois et sa consommation est très répandue. La
présence de caféine est également un indicateur certain de contamination
des collecteurs par l'humain, puisque les activités agricoles et
industrielles n'ont pas tendance à libérer de caféine dans
l'environnement. L'équipe a également noté que les données indiquent que les égouts domestiques contaminent les collecteurs pluviaux montréalais de façon importante.
Par ailleurs, les chercheurs ont observé des niveaux élevés de
coliformes fécaux, mais peu ou pas de caféine dans certains des
échantillons, un fait qu'ils attribuent aux animaux vivant en milieu
urbain. "Ces données indiquent que tout échantillon contenant plus que
l'équivalent de dix tasses de café diluées dans une piscine de dimensions
olympiques est à coup sûr contaminé par des coliformes fécaux", a
déclaré Sébastien Sauvé. "Un programme d'échantillonnage de caféine
serait relativement facile à implanter et pourrait devenir un outil utile pour identifier les sources de contamination sanitaire et contribuer à réduire la contamination des eaux de surface d'un bassin hydrographique urbain."
À propos de cette étude: l'article intitulé Fecal coliforms, caffeine and carbamazepine in stormwater collection systems in a large urban area (Coliformes fécaux, caféine et carbamazépine dans les collecteurs d'eaux de ruissellement dans une vaste zone urbaine) a été publié en ligne le 8 novembre 2011, dans Chemosphere.