Les mécanismes protecteurs dans la sclérose en plaques
Par Benje le dimanche, décembre 4 2011, 15:58 - Nouvelles Scientifiques - Lien permanent
Source: Université de Montréal - Lucie Dufresne
Dans un article publié récemment dans la revue Science, une équipe de chercheurs dirigée par le Dr Alexandre Prat et le stagiaire postdoctoral Jorge Alvarez du Centre de recherche du Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CRCHUM) fait la lumière
sur le fonctionnement de la barrière hémo-encéphalique et sur un
mécanisme par lequel elle empêche l'incursion du système immunitaire
dans le cerveau. " Les résultats de cette recherche nous permettent de
mieux comprendre les mécanismes utilisés par le cerveau pour se défendre
de façon naturelle des agressions du système immunitaire, comme pour la
sclérose en plaques " explique le Dr Prat.
Il n'existe pas de cure contre cette maladie auto-immune chronique du
système nerveux central. Une des caractéristiques de cette pathologie
est l'incapacité de la barrière sang-cerveau (dite hémo-encéphalique)
de contrôler l'entrée des cellules immunitaires dans le cerveau. Cette
intrusion du système immunitaire dans le cerveau perturbe la communication
efficace entre les neurones du cerveau et de la moelle épinière, ce qui
engendre des dommages importants et récurrent au système nerveux
central. La sclérose en plaques (SEP) se manifeste donc par des
paralysies, des engourdissements, des pertes de visons et des déficits
d'équilibre et de la marche répétés menant à un handicap chronique.
La barrière sang-cerveau est une barrière physique et métabolique qui
empêche des cellules indésirables d'envahir le système nerveux central.
Elle est constituée entres autres des cellules endothéliales (des
cellules qui tapissent la paroi intérieure des vaisseaux sanguins) et
des astrocytes périvasculaires (cellules en forme d'étoile qui régulent
la transmissions des signaux électriques dans le cerveau) qui
maintiennent l'équilibre dans le système nerveux central. Les Drs Prat
et Alvarez démontrent d'une part que ces astrocytes jouent un rôle clé
dans la fonction de la barrière hémo-encéphalique en sécrétant la
protéine Sonic hedgehog, une protéine impliquée dans l'organisation du
cerveau. Ils démontrent aussi que les cellules endothéliales expriment
des récepteurs Hedgehog et qu'ensemble, les astrocytes et les cellules
endothéliales contribuent à la formation et l'intégrité de la barrière
sang-cerveau.
Les chercheurs du CRCHUM démontrent de plus dans des travaux de
laboratoire avec des cellules humaines et animales, que la voie Hedgehog
joue un rôle important en limitant l'adhésion et la migration des
cellules immunitaires dans le cerveau. Ainsi, le système Hedgehog
contribue au maintien d'un équilibre anti-inflammatoire au sein du
système nerveux central et le dérèglement de ce système est un des
éléments distinctifs de la SEP. " Cette étude ouvrent la voie à la conception d'approches thérapeutiques
pour contrôler la migration des cellules immunitaires dans le cerveau
et ainsi améliorer leur capacité de cibler des zones atteintes " note le
Dr Prat.
Au Canada, plus de 75 000 personnes sont atteintes de la sclérose en plaques. Il s'agit de la plus grande incidence de cette condition dans le monde.