Le sparadrap serait aussi efficace que certains traitements médicamenteux, selon une étude. Une dermatologue rappelle les règles de base pour se débarrasser de ces tumeurs bénignes.

Fréquentes, surtout pendant l'enfance, les verrues sont sans gravité mais elles souffrent d'une mauvaise image. Hygiène insuffisante, haute contagiosité… les préjugés sur ces tumeurs bénignes ont la peau dure. Un dégoût populaire qui pousse les parents à faire traiter rapidement leurs enfants, de peur que ceux-ci ne souffrent d'exclusion sociale. Pourtant, les verrues disparaissent souvent seules, rappelle la revue Prescrire dans son édition de décembre - 50% au bout d'un an et 75% après deux ans. Au point que de nombreuses voix et plusieurs études plaident en faveur d'une absence de traitement, sauf gêne particulière.

Les verrues sont causées par le papillomavirus, que l'on trouve partout : dans les piscines, sur le plancher de nos salons, dans les salles de bain, dans les toilettes des écoles… Rien ne sert donc d'essayer de s'en protéger, d'autant que tout le monde n'y est pas également vulnérable. Une fois la verrue apparue, qu'elle soit commune (en relief, sur les mains et le visage) ou plantaire (incrustée sous le pied), plusieurs solutions existent pour s'en débarrasser. La couvrir quotidiennement d'un produit kératolytique, comme l'acide salicylique, recourir à la cryothérapie (application d'azote liquide à -172°c), l'envelopper de sparadrap ou … prendre patience.

Auto-suggestion

Interrogés sur l'efficacité de l'application d'un sparadrap pour guérir les verrues d'une petite fille de 8 ans, des chercheurs britanniques ont fait la synthèse des études récentes sur le sujet ( Archives of disease in childhood). Leur conclusion plaide en faveur de cette technique non-agressive et peu coûteuse au moins quelques semaines (en changeant le sparadrap tous les 7 jours) avant d'opter si on le souhaite pour un traitement plus agressif si aucun changement ne se produit. Il est aussi possible d'y revenir en cas d'échec de la cryothérapie ou de produits à base d'acide salicylique, estiment-ils.

Cette publication va dans le sens des recommandations du Dr Claudine Blanchet-Bardon, dermatologue à Paris, qui défend une réponse modérée et progressive pour se débarrasser de ces tumeurs bénignes. Les verrues ayant tendance à partir comme elles sont venues, on peut opter dans un premier temps pour la passivité, suggère celle qui est aussi vice-présidente du syndicat des dermatologues. «Je conseille même parfois à mes petits patients des rituels d'autosuggestion, comme d'entourer chaque soir les verrues avec des crayons de couleur», s'amuse-t-elle. Le sparadrap est aussi, selon elle, une excellente technique : «Il va modifier l'habitat de la verrue, ramollir la couche cornée, augmenter la température, autant de changements que ne vont pas être favorables au papillomavirus».

Gare à la cryothérapie

En cas de perte de patience ou d'échec, si la verrue gêne - c'est plus souvent le cas avec les verrues plantaires - il faut consulter un dermatologue, poursuit le Dr Blanchet-Bardon. «La prescription de pommades ou de préparations kératolytiques va permettre d'exfolier la peau», explique-t-elle. Elle recommande en revanche la plus grande prudence avec la cryothérapie. «Il faut l'éviter aux enfants dans la mesure du possible, car c'est très douloureux, surtout au bout des doigts et près des ongles. Et surtout, il faut confier ce geste à un spécialiste, car ce n'est pas anodin, on peut abîmer la matrice de l'ongle si on s'y prend mal. Depuis la mise en vente libre dans les pharmacies de kits de cryothérapie, on voit venir des patients avec des nécroses qu'il faut traiter à l'hôpital.»