Source: Nouvelles UdeS - Université de Sherbrooke

Des chercheurs ont mis au point une technique de microscopie de pointe permettant de filmer en temps réel l'interaction de la télomérase, une enzyme responsable de la multiplication des cellules cancéreuses, avec son substrat, les télomères, dans des cellules vivantes.

Grâce à cette technique, Raymund J. Wellinger, professeur à la Faculté de médecine et des sciences de la santé de l'Université de Sherbrooke et chercheur au Centre de recherche clinique Étienne-Le Bel du CHUS, et son collaborateur Pascal Chartrand, de l'Université de Montréal, ont pu déterminer - pour la première fois - que la télomérase s'associe de façon stable avec le télomère dans une période précise du cycle cellulaire seulement.

Cette découverte pourrait avoir un impact important dans le traitement du cancer, car jusqu'à présent, le comportement de la télomérase dans la cellule était mal compris. Ces résultats sont publiés dans la revue Molecular Cell.

Télomères et télomérase

Le laboratoire de Raymund J. Wellinger se spécialise dans l'étude des télomères, une région d'ADN non codant localisée à l'extrémité des chromosomes et qui protège l'ADN contre la dégradation. En d'autres mots, ce sont des chapeaux protecteurs à chaque extrémité d'un chromosome. Leur rôle est essentiel, puisqu'au fil des divisions cellulaires, les chromosomes raccourcissent. Sans les télomères, les gènes seraient dégradés, et l'information qu'ils encodent, perdue.

Normalement, les télomères sont synthétisés par un complexe de protéines et d'ARN, nommé la télomérase. Une fois les télomères synthétisés, la télomérase est généralement inactivée et les cellules normales détiennent un nombre de divisions limité avant d'entrer en mort cellulaire programmée. Les cellules cancéreuses, quant à elles, constituent une exception notable, puisque leur télomérase est réactivée, leur conférant la propriété de proliférer à l'infini.

Est-ce qu'un traitement ciblant la télomérase serait envisageable dans la lutte contre le cancer? "Comme point d'attaque, la télomérase est une bonne cible. Mais comment l'attaquer, voilà ce qui reste à identifier", mentionne Raymund J. Wellinger.

Une prise de photo inusitée en temps réel

C'est au cours d'un séjour dans un laboratoire danois expert en microscopie que le professeur Wellinger a eu l'inspiration pour ce projet, qui n'implique pas les méthodes biochimiques traditionnellement utilisées pour étudier la télomérase.

"Quand on fait de l'immunoprécipitation de chromatine, on met nos produits chimiques dans notre échantillon pendant 15 minutes. Ce qui en résulte est une photo, précise le chercheur. L'avancée majeure avec notre méthode, c'est qu'on regarde des cellules vivantes, et qu'on regarde des films de la télomérase en temps réel."

Il semblerait qu'il reste bien des choses à découvrir avant d'en arriver à un traitement, mais la voie est prometteuse. Raymund J. Wellinger et son équipe viennent de franchir une étape déterminante.