Un gène protecteur des cancers colorectaux
Par Benje le mardi, décembre 13 2011, 23:00 - Nouvelles Scientifiques - Lien permanent
Source: CNRS
L'équipe de Patrick Mehlen, du Centre de Recherche
en Cancérologie de Lyon (CRCL, Inserm/CNRS/Centre Léon
Bérard/Université Claude Bernard Lyon 1) vient de démontrer qu'un gène
(nommé "DCC" pour Deleted Colorectal Cancer) protège contre le
développement de tumeurs colorectales, en induisant la mort des cellules
cancéreuses. Les chercheurs lyonnais ont mis au point un modèle animal
porteur d'une mutation sur le gène DCC. Les souris porteuses de la
mutation développent des tumeurs car ce gène ne peut plus induire la
mort des cellules cancéreuses. Cette découverte pourrait aboutir plus
largement à la mise au point d'un nouveau traitement anti-cancéreux
ciblé visant à réactiver la mort des cellules cancéreuses. Les résultats
de cette étude sont publiés dans une Lettre de la revue Nature datée du 11 décembre 2011.
L'équipe de Patrick Mehlen, directeur du Laboratoire d'Excellence
DEVweCAN au Centre de Recherche en Cancérologie de Lyon étudie le
processus de mort cellulaire –apoptose- et plus particulièrement le
mécanisme qui permet aux cellules de comprendre qu'elles doivent
s'engager dans un processus d'autodestruction lorsqu'elles deviennent
anormales. L'équipe de Patrick Mehlen a proposé que ce mécanisme passe
par des sentinelles localisées à la surface des cellules et qui scrutent
leur environnement. Les chercheurs ont nommé ces sentinelles des "récepteurs à dépendance".
Les chercheurs se sont penchés sur le concept de ces "récepteurs à
dépendance". Dans le cas où un récepteur cellulaire est associé à son
ligand, le message classique indique que "tout va bien" et conduit à la
survie de la cellule. Par contre, lorsque le récepteur est privé de son
ligand, il peut envoyer un message qui conduit à la mort de la cellule,
un mécanisme également appelé "apoptose". Appliqué à la recherche contre
le cancer, l'absence de ligand pourrait induire la mort de cellules
cancéreuses qui prolifèrent de manière anarchique.
Dans cette étude, l'équipe de Patrick Mehlen montre que le gène DCC
(pour Deleted Cancer Colorectal), qui code pour un "récepteur à
dépendance", protège l'organisme de l'apparition de cancer en provoquant
la mort des cellules qui deviennent cancéreuses. Les chercheurs ont
utilisé un modèle de souris où le gène DCC est génétiquement modifié. La
mutation de ce "récepteur à dépendance" empêche l'induction de
l'apoptose. Lorsque que le gène DCC est éteint par mutation, la souris,
développe spontanément des cancers du côlon.
"L'organisme est naturellement protégé du développement de cancers
grâce à la présence de ce gène suppresseur de tumeur. Malheureusement,
certaines cellules cancéreuses échappent à ce contrôle en bloquant ce
mécanisme de "récepteurs à dépendance". On sait ainsi que le gène DCC
est éteint dans la majorité des cancers chez l'homme", explique Patrick
Mehlen.
Le travail des chercheurs pourrait déboucher dans un futur proche sur un
nouveau traitement ciblé visant à réactiver la mort des cellules
cancéreuses pour détruire les cancers, tels que le cancer du sein, du
poumon..."Notre groupe a d'ailleurs développé plusieurs candidats
médicaments qui réactivent la mort cellulaire induite par le récepteur
DCC dans des modèles animaux et nous espérons être capable de tester ces
candidats médicaments en essai clinique chez l'homme d'ici 3 ans",
conclut Patrick Mehlen.
Patrick Mehlen bénéficiera du support du Prix Liliane Bettencourt
Schueller en Sciences de la Vie dont il vient d'être lauréat. Le prix
sera remis le 15 décembre 2011.
Le site web de la Fondation: http://www.fondationbs.org/
Référence: DCC constrains tumour progression via its dependence receptor activity
Nature, 11 décembre 2011doi:10.1038/nature10708