Source : Interview d’Ouria Dkhissi-Benyahya, 27 octobre 2011

Des journées grisâtres et de plus en plus courtes, un soleil le plus souvent en berne… Pour certains d’entre nous, l’hiver ressemble à un long tunnel. Et avant d’entrevoir à nouveau la lumière, bien obligés d’en passer par là ! La solution repose-t-elle obligatoirement sur des vacances au soleil ? Que penser par exemple, de la luminothérapie ? Les réponses d’Ouria Dkhissi-Benyahya, neurobiologiste à l’INSERM de Lyon, spécialisée dans l’étude des rythmes circadiens et de l’horloge biologique.

Comme l’animal, l’Homme vit selon un rythme veille/sommeil et cela, tout au long de l’année. « La lumière est vraiment le régulateur de notre horloge biologique  », explique Ouria Dkhissi-Benyahya . « En hiver, comme nous recevons beaucoup moins de lumière que durant les autres saisons, un manque peut se faire sentir. Et il peut entraîner des troubles en cascade, au niveau notamment du métabolisme. Particulièrement chez des patients présentant des facteurs de risques particuliers ».

C’est ainsi que des études réalisées au début des années 80 en Suède, ont mis en évidence un pic d’infarctus du myocarde durant le mois de février. Celui-ci serait lié notamment, aux dérèglements de l’horloge biologique. Mais « dans la grande majorité des cas, les doses de lumières reçues tout au long de l’année en France sont suffisantes pour une personne en bonne santé » rassure toutefois la neurobiobiolgiste.

Au-delà des troubles métaboliques, le manque de lumière hivernal peut-être à l’origine de la dépression saisonnière, un trouble désormais bien connu. Les anglo-saxons parlent de SAD – qui signifie ‘triste’ en anglais- pour Seasonal Affective Disorders. Cette affection, ne correspond pas à un simple coup de blues passager… Plus grande sensibilité à la fatigue (physique et mentale), anxiété, troubles de l’attention et de la mémoire, tendance à prendre un peu d’embonpoint, troubles récurrents du sommeil … les symptômes sont aujourd’hui largement décrits.

La luminothérapie, oui mais sous contrôle médical…

Les Scandinaves, qui vivent des hivers interminables et aux longues nuits, ont été les premiers à décrire ces troubles d’apparition régulière. Plusieurs travaux par exemple, ont fait état d’un taux de suicides plus élevé en Suède et en Norvège, en hiver.

Pour compenser le manque de lumière, ils recourent notamment à la photothérapie, que l’on appelle également luminothérapie ou luxthérapie. Cette technique vise à compenser artificiellement le déficit hivernal d’ensoleillement. Le traitement consiste à s’exposer à la lumière de lampes de haute intensité, dont le spectre est proche de celui de la lumière du jour. A l’exclusion bien-sûr des, ultra-violets nuisibles. Leur utilisation bien encadrée élimine donc les risques pour la peau.

Inutile toutefois de vous précipiter sur les lampes que vous trouverez en vente sur Internet. « Leur utilisation doit être encadrée, et prescrite par un médecin » insiste Ouria Dkhissi-Benyahya. « En effet, mal utilisées, par exemple à un moment inopportun de la journée ou trop longuement, ces lampes peuvent aggraver les symptômes dépressifs ou les troubles du sommeil ».

Outre la seule luminothérapie, il existe aussi l’option « vacances au soleil ». Une pause ensoleillée au cœur de l’hiver est naturellement, toujours la bienvenue. Non seulement vous couperez avec le train-train quotidien mais en plus vous ferez des stocks de lumière. Bon pour le moral, non ?