Diversité génétique: facteur crucial pour notre survie
Par Benje le samedi, décembre 24 2011, 11:40 - Nouvelles Scientifiques - Lien permanent
Source: CNRS
Grâce au séquençage de la totalité des 27 gènes d'interférons connus, des chercheurs de l'Institut Pasteur et du CNRS
nous livrent l'histoire génétique de ces protéines immunitaires
cruciales, ainsi que des pistes pour éventuellement améliorer leurs
applications cliniques pour le traitement de plusieurs pathologies, dont
l'hépatite C, la sclérose en plaques et certains cancers. Ces résultats
sont publiés le 19 décembre 2011 dans Journal of Experimental Medicine.
Les interférons sont de petites protéines qui assurent la communication
entre les cellules du système immunitaire, contribuant ainsi à la
stimulation de nos défenses naturelles. Il en existe trois types qui
diffèrent par leurs fonctions, mais également par leur variabilité
génétique. L'équipe de Lluis Quintana-Murci, chef de l'unité mixte
Institut Pasteur/CNRS de Génétique évolutive humaine, s'est penchée sur
ce dernier point et a analysé la diversité génétique de chaque interféron dans différentes populations humaines.
"Nous avons pu identifier, à travers une approche de génétique des
populations, les interférons qui seraient essentiels à notre survie et
les distinguer de ceux qui joueraient un rôle secondaire, voire
redondant," explique M. Quintana-Murci. "Nous pensons que les
interférons très contraints génétiquement ont un rôle plus spécifique et
important dans la lutte contre les organismes pathogènes, et qu'ils
sont donc potentiellement de meilleures cibles pour développer des
traitements efficaces et innovants."
La diversité génétique des différents membres de la famille des
interférons de type 1 (interférons alpha/beta), par exemple, est assez
hétérogène. Cela laisse supposer que cette famille a une grande faculté
d'adaptation en cas d'exposition à de nouveaux pathogènes, mais aussi
que certains interférons de type 1 ont des actions plus spécifiques que
d'autres.
Au contraire, l'unique interféron de type 2 (interféron gamma) ne
présente aucune mutation d'un individu à l'autre. Cette grande stabilité
indique que son action est extrêmement spécifique et irremplaçable, en
l'occurrence dans la réponse immunitaire antimycobactérienne.
La famille des interférons de type 3 (interférons lambda), quant à elle,
présente des particularités selon l'origine géographique de l'individu:
les analyses ont montré que les populations d'origines européenne et
asiatique possèdent certaines mutations qui leur ont conféré des
avantages pour mieux s'adapter, probablement aux pressions de sélection
exercées par les virus.
Ces résultats semblent donc plaider pour une utilisation médicale des
interférons plus fine et ciblée. L'interféron alpha2, par exemple, est
utilisé dans le traitement de l'hépatite C chronique ou de certains
cancers. Or il pourrait être pertinent d'identifier, parmi les multiples
IFN de type I, un sous-type dont l'action plus ciblée permettrait
éventuellement d'éviter certains effets secondaires.
De telles conclusions nécessiteront de nombreuses expérimentations avant
d'être peut-être confirmées, et mises en application. Elles ouvrent
toutefois de nouvelles perspectives pour renforcer l'arsenal
thérapeutique contre de nombreuses maladies.