La cause des trois principales manifestations de la dyslexie
Par Benje le vendredi, décembre 30 2011, 21:15 - Nouvelles Scientifiques - Lien permanent
Source: CNRS
Des chercheurs de l'Inserm et du CNRS au sein de l'Unité 960 ("Laboratoire de neurosciences
cognitives") viennent de mettre en évidence qu'une seule anomalie dans
une région cérébrale bien précise: le cortex auditif, pourrait être à
l'origine des trois manifestations principales de la dyslexie: réussir à
manipuler mentalement des sons de parole, difficultés de mémorisation à court terme (capacité à répéter une liste de mots par exemple), et un ralentissement de la capacité de nommer rapidement des séries d'images. Les résultats de ces travaux sont publiés dans la revue Neuron datée du 21 décembre.
Si la compréhension du message écrit est le but de l'apprentissage de la
lecture, l'identification des mots est indispensable à cette
compréhension. La dyslexie se manifeste chez un enfant, après le début
de l'apprentissage de la lecture, par l'absence de maîtrise des
correspondances entre les graphèmes (lettres ou groupes de lettres) et
les phonèmes (sons de la parole). La persistance du trouble caractérise la dyslexie (1).
Une anomalie du développement d'aires cérébrales normalement impliquées
dans la représentation et le traitement des sons de la parole (la
phonologie) est la plus fréquemment rencontrée et constitue l'hypothèse
majoritairement admise pour la dyslexie.
L'activité cérébrale de 44 participants adultes, dont 23 dyslexiques, a
été enregistrée grâce à la magnétoencéphalographie (MEG) en réponse à un
bruit modulé en amplitude à un rythme variant linéairement de 10 à 80 Hz.
Un tel son engendre une réponse corticale auditive dont la fréquence est
calée sur le rythme du son, mais cette réponse est plus forte à la
fréquence à laquelle le cortex tend à osciller spontanément. Après une
reconstruction de source du signal
MEG, une analyse temps-fréquence des réponses corticales auditives a
été réalisée afin de comparer les profils de réponse dans cortex
auditifs droit et gauche, et entre les participants dyslexiques et non
dyslexiques (contrôles).
Les chercheurs ont montré chez les dyslexiques une sensibilité réduite
du cortex auditif gauche aux sons modulés autour de 30 Hz. La réponse
corticale à ces fréquences serait nécessaire au découpage de la parole
en unités linguistiques pouvant être associées aux graphèmes. En effet,
le défaut de sensibilité aux fréquences de modulation situées autour de
30 Hz corrèle avec les difficultés de traitement phonologique et la
dénomination rapide d'images. Les dyslexiques montrent en revanche une
réponse corticale accrue aux modulations d'amplitude des sons situées
au-delà de 40 Hz. Cette particularité est associée à un déficit de
mémoire phonologique. Ces données suggèrent qu'une seule anomalie de résonance du cortex auditif avec la parole serait à l'origine des trois facettes principales de la dyslexie.
Notes: (1) Source: dossier de presse expertise collective "Dyslexie, dysorthographie et dyscalculie"