Des chercheurs ont génétiquement modifié des vers à soie en leur ajoutant un gène d’araignée. Ils visent ainsi à obtenir une soie à la fois résistante et produite en grande quantité.

C'est au Bombyx mori, une espèce de ver à soie que les chercheurs ont eu l'idée d'ajouter un gène d’araignée. Une manipulation qui visait au départ à obtenir en grande quantité une soie de qualité, notamment résistante. En effet, les vers à soie comme les araignées sont tous les deux connus pour fournir des fils à la qualité inégalée. Or, "sur la capacité d’allongement, par exemple, qui atteint 30% pour une soie naturelle contre 20% pour les meilleures fibres synthétiques, nous n’observons pas de différences entre les fils d’araignées et les meilleures soies de Bombyx", explique Philippe Colomban, du Laboratoire de Dynamique Interactions et Réactivité (LDIR), qui a coordonné ces travaux.

"Ce qui essentiel pour la qualité de la soie, c’est l’âge de la fibre et son histoire. En effet, le gel produit dans les glandes subi des transformations chimiques au moment où l’animal est prêt à filer. Les pelotes de soie s'ouvrent et les macromolécules sont alignées en passant dans la filière. L'eau est utilisé comme lubrifiant entre ces macromolécules... Tous ces processus sont décisifs pour les propriétés de la soie", souligne M. Colomban cité par Sciences et avenir.

Comme l'explique les chercheurs, la soie arachnéenne est plus petite en diamètre (3 à 8 microns) que celle du Bombyx (12 à 20 microns), ce qui lui confère un avantage. "Plus un objet est fin, plus ses propriétés techniques sont élevées, les nanotubes étant le meilleur exemple !", précise le scientifique du LADIR. La soie de l’araignée est aussi plus régulière, ses macromolécules sont mieux alignées. Malheureusement, l’araignée produit au mieux 30 centimètres de fil alors qu’un bon ver à soie peut dérouler jusqu’à 1,5 kilomètres de soie. Sans compter qu’il faut "traire" l’araignée à la main et que l’élevage est inenvisageable : les espèces qui tissent les meilleures toiles, comme les araignées du genre Nephila, sont aussi cannibales, mangeant leurs petits et leurs semblables.

Un fil chimérique équivalent à celui des Bombyx

Néanmoins, pour l’heure, les Bombyx OGM ne sont pas vraiment au point. Selon M. Colomban, "les fils obtenus n'atteignent pas 1%, au mieux, des propriétés mécaniques des fils de Bombyx 'normaux'". Et si "on sait produire par synthèse le gel présent dans les glandes, ce que l’on obtient au final n’est pas meilleur qu’après dissolution des cocons de Bombyx –méthode qui est nettement moins coûteuse". Les chercheurs poursuivent donc leur essai en quête de meilleurs résultats...