La façon dont ces supports de l'information génétique se replient interviendrait dans le développement des cancers.

Le patrimoine génétique d'une personne ne se résume pas à la somme de ses multiples gènes. L'architecture de ses chromosomes, qui portent les gènes, serait aussi un facteur-clé pour le bon fonctionnement des cellules. Cela fait longtemps que les chercheurs en sont persuadés. La preuve vient d'être apportée par Giacomo Cavalli et ses collègues de l'Institut de génétique humaine (CNRS) - en collaboration avec des chercheurs de l'institut Weizmann en Israël. Leurs travaux permettent de mieux comprendre ce qui se passe dans le noyau de nos cellules. Ils ont été publiés dans la version en ligne de la revue Cell du 19 Janvier 2012.

Pour parvenir à ces découvertes, les chercheurs ont figé les contacts à l'intérieur des chromosomes ou entre eux (avec un dérivé du formol qui arrête toute activité cellulaire) avant de déterminer la séquence des gènes (autrement dit chacun des "mots" formés par leurs composants) impliqués dans ces relations. Avec cette technique, ils ont analysé l'ensemble du matériel génétique de la mouche du vinaigre (la drosophile). Cet insecte a un génome quinze fois plus petit que le nôtre. Résultat : l'équipe a pu y identifier 118 millions de zones de contact ! L'analyse de ces dernières leur a permis ensuite d'établir des cartes d'interaction très détaillées.

Cancers

Ces cartes montrent que les chromosomes sont organisés en domaines contenant un ou plusieurs gènes. Ces domaines correspondent soit à des zones actives (avec des gènes qui donnent lieu à la production de protéines), soit à des régions inactives. Grâce aux compétences en mathématiques de l'équipe israélienne d'Amos Tanay, les chercheurs ont pu ensuite développer un modèle informatique capable de prédire assez fidèlement l'architecture, le "repliement" des chromosomes dans les noyaux cellulaires. Depuis quatre ans, une vingtaine d'équipes dans le monde tentaient de mettre au point une technique permettant d'arriver à ce résultat.

Ces travaux indiquent que les domaines inactifs ont tendance à former des contacts avec d'autres domaines inactifs, souvent proches sur le même chromosome, alors que les domaines actifs entrent en contact avec d'autres domaines actifs lointains ou proches et éventuellement sur d'autres chromosomes. Ils vont permettre de mieux comprendre les différences de repliement des chromosomes selon les types de cellules (cellules de foie, de muscle, nerveuse, etc.) et l'importance de cette architecture dans la survenue de cancers.