Auteur de l'article: Cédric DEPOND

Une équipe de chercheurs vient de découvrir que certaines plantes du genre Philcoxia, que l'on trouvait jusqu'alors étrangement ressemblantes à des plantes carnivores, piègent en fait des invertébrés directement sous le sable. L'expérience a été publiée dans la revue scientifique américaine PNAS, qui publie les comptes-rendus de la National Academy of Sciences.

Le genre Philcoxia a été découvert en 2000. Lors de précédentes études en 2007, des chercheurs américains, brésiliens et australiens avaient analysé ses caractéristiques physiques qui ressemblaient fortement à celles des plantes carnivores (présence de glandes sécrétant une substance collante sur les feuilles, racines peu développées, zones sableuses qui ne peuvent apporter de l'azote, potassium ou phosphore que par la consommation d'animaux...). Toutefois, même si on avait retrouvé des vers piégés par la substance sécrétée par les feuilles, on ne les avait jamais vu se nourrir d'un animal. L'équipe avait donc conclu que ce genre était autotrophe, c'est à dire utilisant la photosynthèse.

Or, de nouvelles expériences ont récemment été effectuées en nourrissant des nématodes (vers primitifs) avec des nutriments marqués. En suivant le trajet des marqueurs, les scientifiques ont constaté qu'ils progressaient dans l'organisme de la plante, prouvant qu'elle pouvait digérer le ver, ce qui prouve que Philcoxia est carnivore.

La découverte la plus intéressante est le modus operandi suivi pour capturer les vers, totalement différent des autres plantes carnivores. En effet, Philcoxia attrape ses animaux directement sous le sable. Pour y parvenir, elle se sert de ses feuilles collantes qui poussent sur ses branches horizontales. Ces feuilles se retrouvent en contact avec le sable et y sont même enfouies, capturant ainsi les nématodes qui s'y promènent.

C'est une véritable découverte car cette technique était méconnue jusqu'à présent. Cette expérience amène à penser que les plantes carnivores, que nous pensions représenter 0,2% des espèces des plantes, pourraient finalement être plus nombreuses.