L’assemblée de Polynésie française a rendu lundi un avis favorable à la proposition de loi concernant notamment le suivi des conséquences environnementales des essais nucléaires effectués sur l’archipel entre 1966 et 1996. Le Sénat examine aujourd’hui ce projet de loi.

Le 6 février 1964, les atolls de Moruroa et de Fangataufa ont été cédés à l'Etat français pour les besoins du Centre d'expérimentation du Pacifique. Des territoires sur lesquels la France a réalisé pendant 30 ans, jusqu'en 1966, de nombreux essais nucléaires. Ainsi, 46 ans après le début de ces essais et 16 ans après l’arrêt définitif de toute expérimentation nucléaire sur l’archipel, le Sénat examine ce mercredi, un projet de loi visant à compléter la loi Morin de 2010.

Le texte doit en ce sens "réparer une omission législative" alors que la loi Morin de 2010 ne traite que l'aspect sanitaire des essais nucléaires et non l’empreinte environnementale, a expliqué M. Tuheiava, lors d'une conférence de presse qui s'est ouverte par une prière d'un opposant historique aux essais en Polynésie, John Doom. Il a ajouté : "régler la question sanitaire sans régler la question environnementale est déjà étrange dans la mentalité occidentale, mais pour les autochtones, dissocier à ce point l'individu de son environnement naturel, ça ne passera jamais".

Dans ce texte, il sera également question de la sécurité des populations voisines "qui sont en danger, un danger avéré (radioactivité des dépôts de plutonium) et un danger prévisible, comme l'affaissement du platier de Mururoa qui pourrait en cas d'effondrement, générer un tsunami", selon M. Tuheiava. Un système d’alerte devra donc être mis en place pour assurer la sécurité des populations. Au-delà de l’urgence sanitaire de la situation sur l’archipel, la loi et la rétrocession des deux atolls réquisitionnés par la métropole, représentent aussi un geste symbolique pour tous les Polynésiens. "C'est une loi qui montre que l'on s'occupe des Polynésiens et de leurs souffrances", a-t-il déclaré cité par le Journal de l'Environnement.

2 personnes indemnisées sur les milliers de victimes

En vérité, l’affaire traine depuis déjà bien trop longtemps car sur les 5.048 victimes d'essais nucléaires recensées en Polynésie, 637 seulement ont pu faire l'objet d'un dossier correspondant aux critères de la loi Morin. Ainsi, seules 2 personnes ont été indemnisées par l'Etat. "La Polynésie française a permis à la France, grâce à ces essais nucléaires, de devenir une grande nation. La demande du sénateur n’est donc que justice pour le peuple polynésien qui subit dans ses chairs les conséquences des essais passés", a déclaré solennellement un représentant de l’église protestante Maohi de Polynésie.