Ostéoporose: une micropuce implantable
Par Benje le lundi, février 27 2012, 00:26 - Nouvelles Scientifiques - Lien permanent
Une micropuce implantable délivre un médicament aux femmes atteintes d'ostéoporose.
Certaines personnes traitées pour leur ostéoporose pourraient bientôt
échanger leur stylo à injection quotidienne contre une micropuce
implantable qui libère son médicament sur commande à distance rapporte une nouvelle étude paraissant le 16 février 2012 dans la revue Science Translational Medicine.
L'essai clinique, portant sur un groupe de femmes ayant de l'ostéoporose
au Danemark, est le premier à tester une micropuce à commande sans fil
capable de libérer à tout moment un médicament dans l'organisme. "Les
patientes n'auront plus à se demander si elles ont pris leur traitement
et à subir la pénible expérience des multiples injections" précise
Robert Farra, Président et cadre directeur des opérations de MicroCHIPS,
Inc., la société du Massachusetts à l'origine de l'appareil. Farra est
un des auteurs de l'étude, avec des collègues du MIT, de l'Ecole de Médecine de Harvard, de OnDemand Therapeutics Inc. et de l'Université Case Western Reserve.
Contrairement à la plupart des appareils administrant des médicaments,
où de faibles quantités sont lentement libérées au cours du temps,
la micropuce libère le traitement à la demande faite par un système
sans fil externe. Cela permet une introduction rapide de médicaments
dans le sang, comme dans le cas d'une injection. "Les médecins pourront moduler souplement la thérapie de leur patient en utilisant un ordinateur ou un téléphone mobile" ajoute Farra.
Les auteurs estiment que la micropuce sera une option plus séduisante et
moins chère que l'utilisation à long terme de stylos injecteurs
préremplis chaque jour.
Les patientes avec une ostéoporose sévère doivent souvent s'injecter
chaque jour un médicament qui est maintenu réfrigéré. Outre le poids
psychologique des injections quotidiennes, les personnes âgées peuvent
avoir de l'arthrite ou d'autres problèmes qui rendent ces injections
physiquement plus délicates.
De plus, l'ostéoporose étant une maladie "silencieuse", les personnes
affectées ne se sentent pas mieux ou moins bien lorsque la densité
de leurs os diminue aussi beaucoup de patients cessent-ils simplement
de prendre leur traitement pour éviter le désagrément des injections
quotidiennes à faire.
L'implant pourrait aider à éviter le fort taux d'abandon de l'observance
et à élever de manière spectaculaire la qualité de vie de millions de
personnes atteintes d'ostéoporose. L'appareil pourrait aussi être utile
dans le traitement d'autres maladies chroniques comme la sclérose en
plaques, la maladie cardiaque ou même le cancer.
De la taille d'un pacemaker, l'appareil garde les doses quotidiennes de
médicament dans de minuscules puits qui s'ouvrent selon un protocole
pré-programmé ou via un signal
à distance. "Les médicaments sont dans différents puits. Chacun des
puits est recouvert d'une couche d'or de quelques nanomètres d'épaisseur
qui peut protéger les produits pendant des années si nécessaire et
empêche leur libération" précise Robert Langer, professeur au MIT et
l'un des auteurs de l'article dans Science Translational Medicine.
L'envoi d'un signal à distance au puits déclenche la dissolution de l'or
et la libération du médicament dans le sang. L'adaptation de la technologie des micropuces à une utilisation humaine n'a pas été une mince affaire. L'équipe a d'abord dû concevoir un moyen à température ambiante de mettre à l'abri de l'air chaque réservoir. Les chercheurs ont mis au point un processus particulier de soudure par compression pour assurer une étanchéité
à long terme. Puis ils ont aussi développé la pellicule d'or assez
solide pour protéger le contenu de chaque réservoir mais aussi assez
fine pour se dissoudre à la demande.
Malgré la capacité démontrée en laboratoire de la micropuce à libérer le
médicament, lorsqu'elle fut implantée dans le corps une membrane avec
du collagène
a eu tendance à se développer autour d'elle. Les chercheurs se sont
inquiétés du fait que ce phénomène pouvait potentiellement ralentir l'absorption
du médicament et l'un des objectifs de leur étude était justement de
déterminer si la membrane formée altérait l'efficacité du système. Les
chercheurs ont implanté la micropuce juste sous la taille chez sept
femmes entre 65 et 70 ans. Cela a pu être fait sous anesthésie locale au
cabinet du médecin.
Le suivi des femmes pendant 12 mois
a permis aux chercheurs de montrer que l'implant libérait le médicament,
le tériparatide, aussi efficacement que les injections quotidiennes. De
plus, la membrane qui enveloppait la micropuce n'a pas interféré avec
le système. Le traitement a amélioré la formation de tissu osseux et
réduit les risques de fracture comme l'a attesté la mesure des marqueurs
biochimiques de formation, de masse
et de résorption osseuse. "Et il y a beaucoup moins de variations d'une
dose à l'autre qu'avec les injections, c'est donc un procédé plus sûr
et plus efficace" ajoute Langer. Au terme de l'année de traitement, la puce a été retirée chez les participantes de l'étude.
La société espère pouvoir rendre l'appareil disponible pour le grand public dans les cinq prochaines années.