Source: Caroline Fortin - Université de Sherbrooke

Une équipe de recherche interfacultaire de l'Université de Sherbrooke a développé un logiciel expert de surveillance informatisée de la prescription d'antibiotiques. Ce logiciel facilite la vérification des données cliniques du patient, améliore l'identification des prescriptions sous-optimales et permet de cibler les interventions les plus importantes.

Alliance entre l'informatique et la médecine

Le professeur Froduald Kabanza, du Département d'informatique de la Faculté des sciences, travaille sur le développement et l'application d'algorithmes d'intelligence artificielle, en particulier pour des outils d'aide à la décision, notamment dans le domaine médical. Il a joint le projet, accompagné du doctorant Mathieu Beaudoin.

"Mon équipe a été responsable de tout l'aspect génie logiciel et intelligence artificielle pour le développement du logiciel, précise l'informaticien. Par la suite, Julie Perron, pharmacienne au Département de pharmacie du CHUS, et Louis Valiquette, microbiologiste-infectiologue, ont collaboré à l'encodage informatique des antibiotiques et à l'amélioration du logiciel selon les pratiques du CHUS."

C'est d'ailleurs le professeur Louis Valiquette, du Département de microbiologie et d'infectiologie de la Faculté de médecine et des sciences de la santé, qui a fait naître ce projet. Son programme de recherche porte sur le développement d'outils cliniques visant à diminuer les infections nosocomiales et à améliorer l'utilisation d'antibiotiques en milieu hospitalier.

Prévenir le Clostridium difficile

À la suite de la crise du Clostridium difficile en 2003-2004, il a cherché à développer ce système de surveillance pour optimiser la qualité de la prescription de ces médicaments. Il faut savoir que la prise d'antibiotiques est le premier facteur de risque pour une infection C. difficile.

Ainsi, appuyée également du doctorant Vincent Nault, cette équipe multidisciplinaire a développé, implanté et évalué le Système informatisé pour réduire et améliorer la prescription des antibiotiques (SIPA) au Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke (CHUS).

Ce logiciel analyse les prescriptions d'antibiotiques et suggère des améliorations potentielles en fonction de l'évolution du patient. "Une plus grande proportion de prescriptions sont ainsi surveillées. L'efficacité de la surveillance et l'efficience des pharmaciens augmentent de façon significative, permettant à une petite équipe d'effectuer la surveillance pour l'hôpital tout entier", ajoute le Dr Louis Valiquette.

Résultats concluants

Au moins 1700 recommandations ont été émises dans la dernière année et plus de 90 % d'entre elles ont été acceptées par les médecins prescripteurs. Ces recommandations incluent notamment de meilleurs ajustements de doses administrées, l'arrêt ou la réduction d'une antibiothérapie et la migration de la voie intraveineuse à la voie orale.

Par ailleurs, le CHUS a récemment annoncé des économies de plus de 300 000 $ dans sa première année d'utilisation du logiciel en diminuant son budget en antibiotiques de 18 %. Il s'agit d'une première dans le milieu hospitalier canadien.

La technologie pourrait ainsi être implantée dans d'autres établissements de santé nationaux, voire internationaux. Elle pourrait également être appliquée à la surveillance d'autres traitements médicaux et à la gestion des tests diagnostiques.