Nicolas Bégasse.

SCIENCES - Une équipe de chercheurs prévoit de créer d'ici à la fin de l'année le premier burger fabriqué en laboratoire...

Faire pousser de la viande de bœuf en laboratoire… et la manger. Selon le Guardian, c’est ce que propose une équipe de chercheurs de l’université de Maastricht dirigée par le Dr Mark Post qui souhaite réduire le nombre de bovins exploités pour la production de viande. L’objectif est aussi écolo: moins de bovins en circulation, c’est aussi moins de méthane dans l’air. Une bonne nouvelle pour le réchauffement climatique.

Mais avant de s’attaquer à la production de masse, le Dr Post compte d’abord, d’ici le mois d’octobre, proposer un premier burger à base de viande produite en laboratoire. Le plat, qui coûtera 200.000 livres à fabriquer (soit 240.000 euros), pourrait être goûté à la fin de l’année par une célébrité encore inconnue dans le restaurant trois-étoiles britannique le «Fat duck».

L’épreuve du goût

Car si la viande de laboratoire peut au final ressembler à de la viande classique, personne ne l’a encore goûtée. Le Dr Post lui-même admet que la ressemblance, au niveau visuel mais surtout au niveau du goût, pourrait ne pas être parfaite.

Il faut dire que pour l’instant, le burger n’en est pas vraiment un: l’équipe de chercheurs n’a réussi à créer que de fines couches de muscle bovin de 3cm de long sur 1,5cm de large, de moins d’1 millimètre d’épaisseur. Elles sont issues de cellules souches extraites de tissus musculaires et élevées en laboratoire dans une solution à base de sérum fœtal de veau. Pour améliorer la texture des tissus ainsi créés, les chercheurs les soumettent en plus à un courant électrique.

Un processus lent et fastidieux: selon le Dr Post, il faudra encore attendre 10 ou 20 ans avant une production de masse –à condition que la viande de labo réussisse l’épreuve du goût. Mais pour les scientifiques, le jeu en vaut la chandelle: au-delà de l’enjeu écologique, les tissus produits sont plus malléables et peuvent adopter une texture particulière selon les besoins et la demande. Autre «avantage»: la viande ainsi produite, puisqu’elle provient de cellules souches, pourrait être de la viande d’animaux plus exotiques. «Nous pourrons produire de la viande de panda, j’en suis sûr!» imagine déjà le Dr Post.