Une étude publiée cette semaine révèle que de nombreux mammifères carnivores ont perdu le goût du sucré suite à l'évolution de leur régime alimentaire.

A l'instar des chats sauvages apprivoisés, certains mammifères uniquement carnivores ne perdaient-ils pas aussi le goût du sucré ? C'est la question que s'est posée le biologiste Gary Beauchamp de l'Institut Monell qui a décidé de mener l'enquête pour en apprendre plus sur le sujet. Avec ses collègues, ce chercheur a ainsi étudié les gènes codant pour les récepteurs du goût sucré chez douze espèces différentes. Les résultats ont alors montré, qu'en effet, un grand nombre d'entre eux n'exprimaient plus correctement ses récepteurs et avaient donc perdu la sensation du goût sucré.

En général, les mammifères sont capables de percevoir cinq saveurs basiques : sucré, umami, amer, salé et aigre. Comme l'ont auparavant découvert les scientifiques, la saveur sucrée est ainsi contrôlée par les gènes baptisés Tas1r2 et Tas1r3. Or, que se soit chez les otaries, la loutre asiatique, la hyène tachetée ou encore le phoque commun, le gêne Tas1r2 du goût sucré s'est avéré dans tous les cas défectueux. Une constatation qui a permis aux chercheurs de conclure que le goût sucré dépendait étroitement du régime alimentaire de chaque animal.

En effet, les espèce pré-citées sont toutes exclusivement carnivores. À l'inverse, le gêne responsable du sucré est resté intact chez les protèles, les ours à lunettes, les ratons laveurs ou les loups roux, des animaux qui s'il mangent majoritairement de la viande, se nourrissent également d'autres types d'aliments. Gary Beauchamp explique au Dailymail : "ces différents animaux vivent dans des environnements différents. Et nos découvertes montrent que ce que les animaux et les hommes, aiment manger dépend de leurs récepteurs de goût".

Une alimentation qui agit sur le système sensoriel

Ce spécialiste précise également : "ce goût du sucre, dont on pensait qu'il était quasi universel chez les animaux, a été, en réalité, perdu dans l'évolution chez un grand nombre d'espèces, ce qui est vraiment inattendu", rapporte Radio Canada. Toutefois, les chercheurs émettent l'hypothèse que ce n'est pas la première fois dans l'histoire de l'évolution que les animaux perdent le goût du sucré. Cela tendrait à montrer le rôle primordial des régimes alimentaires qui tournent autour d'un seul type d'aliment, dans le système sensoriel des animaux.

Un changement qui ne poserait pas de problème puisque à priori, "les récepteurs de goût présents dans la cavité buccale des animaux ne sont pas forcément nécessaires à leur survie" précise Peihua Jiang, biologiste moléculaire de l'Institut Monell à l'AFP. Cette scientifiques ajoute néanmoins que "les animaux que nous avons examiné possédaient des récepteurs défectueux pour le sucré, l'umami et l'amer. Il serait maintenant important d'identifier comment le corps relaye les fonctions de ces récepteurs".