Découverte d'un champignon amazonien qui se nourrit de plastique
Par Benje le jeudi, avril 26 2012, 09:37 - Nouvelles Scientifiques - Lien permanent
Auteur de l'article: Cédric DEPOND
Des étudiants en biochimie de l'université de Yale ont découvert en
Amazonie un champignon qui présente la particularité de dégrader et
manger des résidus de plastique. L'étude vient d'être publiée dans la
revue américaine Applied and Environmental Microbiology. Une découverte passionnante, à notre époque où l'Homme use et abuse du plastique sans arriver à le recycler.
C'était pendant l'été 2011, un groupe d'étudiants a passé deux semaines
dans la forêt amazonienne, en Equateur. Le but de l'expédition était
initialement de récupérer des organismes endophytes (des bactéries
et champignons qui vivent à l'intérieur de plantes). De retour aux
Etats-Unis, ils se sont intéressés à la résistance de plusieurs
champignons à des résidus de plastique. C'est avec surprise qu'ils ont
découvert que le champignon Pestalotiopsis microspora semblait littéralement dévorer le polyuréthane !
Il s'avère que ce champignon possède un enzyme (une hydrolase à sérine)
capable de casser les chaînes de polyuréthane, un polymère d'uréthane
très largement utilisé dans la fabrication de colles,
peintures, mousses isolantes, lycra, caoutchouc, adhésifs et certains
métaux... Les polyuréthanes sont généralement thermodurcissables (donc
non recyclables), et représentent une masse de déchets considérable.
Une bonne nouvelle n'arrivant jamais seule, l'équipe a fait une deuxième
découverte insolite: en approfondissant les recherches sur deux souches
du champignon, l'enzyme s'est révélée être capable de fonctionner
également en l'absence d'oxygène. Ceci pourrait être précieux pour
envisager une utilisation du champignon dans une station d'épuration, où
les plastiques sont généralement recouverts d'épaisses couches de terre et autres déchets, diminuant de fait l'oxygénation et compliquant d'autant plus leur décomposition.
Les plastiques, pour ceux qui y arrivent, peuvent mettre entre 50 ans et
200 ans pour se dégrader. La présente étude n'en est qu'à la phase
de découverte, de nombreuses expérimentations doivent encore être
poursuivies avant d'envisager l'utilisation d'un tel champignon pour
aider à la décomposition des plastiques dans des décharges sanitaires.
Toutefois, la découverte de cet organisme ouvre l'espoir qu'un jour nous réussissions à réduire les temps de décomposition, et les dommages subis par l'environnement.