Source: CNRS-INSB

Des chercheurs du Centre d'infection et d'immunité de Lille (CIIL, CNRS/Inserm/Institut Pasteur de Lille/Universités de Lille 1 et 2) et de l'Institut pluridisciplinaire Hubert Curien (IPHC, CNRS/Université de Strasbourg) viennent de découvrir un récepteur homologue de la sortiline humaine, qui se trouve être indispensable au transport intracellulaire des protéines et à la biogenèse des organites vitaux chez le parasite apicomplexe Toxoplasma gondii. Ce travail a été publié dans la revue Cell Host Microbe.

Les parasites apicomplexes, parmi lesquels on trouve Plasmodium falciparum, l'agent responsable du paludisme, et Toxoplasma gondii, l'un des parasites les plus ubiquitaires, renferment également des agents opportunistes dangereux de la maladie du Sida ou des agents classés du bioterrorisme. Les apicomplexes représentent donc un réel problème de santé publique et vétérinaire. Il n'existe cependant pas encore de vaccins efficaces contre ces parasites. De plus, l'émergence ou ré-émergence accrue de formes parasitaires résistantes imposent l'identification constante de nouvelles cibles thérapeutiques.

Ces parasites possèdent une organisation morphologique spécifique, avec la présence d'organites apicaux, les rhoptries et les micronèmes, qui renferment les facteurs essentiels à la motilité, l'invasion de l'hôte, la modulation de la réponse immune et la virulence parasitaire. Les récepteurs qui trient et acheminent les facteurs protéiques de ces organites vitaux sont longtemps restés inconnus.

Avec la collaboration de l'IPHC, de l'Institut de minéralogie et de physique des milieux condensés (IMPMC, CNRS/Université Pierre et Marie Curie/IRD/Institut de physique du globe Paris/Université Paris Diderot), du laboratoire Rôle des canaux ioniques membranaires et du calcium intracellulaire dans le cancer de la prostate (Inserm, Université de Lille 1) et de l'Université du Michigan aux États-Unis, l'équipe dirigée par Stanislas Tomavo au CIIL vient d'identifier, chez Toxoplasma gondii, un récepteur transmembranaire de type I, indispensable au trafic intracellulaire des protéines, à la biogenèse des organites apicaux et à la survie du parasite.

Ce récepteur est un homologue de la sortiline humaine, connue pour ses différents rôles dans la maladie d'Alzheimer, la maladie de Parkinson et le diabète. Les chercheurs ont démontré que la sortiline de Toxoplasma gondii est un récepteur golgien et post-golgien clé, dont le domaine peptidique N-terminal interagit spécifiquement avec les protéines des rhoptries et micronèmes, alors que son extrémité peptidique C-terminal se lie à plusieurs partenaires protéiques cytoplasmiques du système endosomal, en détournant leurs fonctions dans le sens de l'acheminement des protéines vers les organites apicaux.

L'absence du peptide C-terminal ou de la sortiline entière chez des parasites mutants entraîne une délocalisation des protéines transportées, voire une disparition des organites apicaux vitaux, ce qui conduit à l'atténuation de la virulence parasitaire et surtout, l'absence de symptômes toxoplasmiques chez les animaux infectés.

Cette découverte d'une sortiline ayant des caractéristiques structurales exclusives aux parasites apicomplexes permet non seulement d'avancer dans la compréhension des mécanismes fondamentaux du trafic intracellulaire et de la biogenèse des organites apicaux sécrétoires chez ces parasites, mais aussi d'envisager de nouvelles stratégies thérapeutiques contre la toxoplasmose, le paludisme et autres maladies parasitaires humaines et vétérinaires.