La sortiline, un récepteur déterminant pour la toxoplasmose
Par Benje le lundi, juin 11 2012, 03:47 - Nouvelles Scientifiques - Lien permanent
Source: CNRS-INSB
Des chercheurs du Centre d'infection et d'immunité de Lille (CIIL,
CNRS/Inserm/Institut Pasteur de Lille/Universités de Lille 1 et 2) et de
l'Institut pluridisciplinaire Hubert Curien (IPHC, CNRS/Université de
Strasbourg) viennent de découvrir un récepteur homologue de la sortiline
humaine, qui se trouve être indispensable au transport
intracellulaire des protéines et à la biogenèse des organites vitaux
chez le parasite apicomplexe Toxoplasma gondii. Ce travail a été publié
dans la revue Cell Host Microbe.
Les parasites apicomplexes, parmi lesquels on trouve Plasmodium
falciparum, l'agent responsable du paludisme, et Toxoplasma gondii, l'un
des parasites les plus ubiquitaires, renferment également des agents
opportunistes dangereux de la maladie du Sida ou des agents classés du
bioterrorisme. Les apicomplexes représentent donc un réel problème de
santé publique et vétérinaire. Il n'existe cependant pas encore de
vaccins efficaces contre ces parasites. De plus, l'émergence ou
ré-émergence accrue de formes parasitaires résistantes imposent
l'identification constante de nouvelles cibles thérapeutiques.
Ces parasites possèdent une organisation
morphologique spécifique, avec la présence d'organites apicaux, les
rhoptries et les micronèmes, qui renferment les facteurs essentiels à la
motilité, l'invasion de l'hôte, la modulation de la réponse immune et
la virulence parasitaire. Les récepteurs qui trient et acheminent les
facteurs protéiques de ces organites vitaux sont longtemps restés
inconnus.
Avec la collaboration de l'IPHC, de l'Institut de minéralogie et de physique des milieux condensés (IMPMC, CNRS/Université Pierre et Marie Curie/IRD/Institut de physique du globe Paris/Université Paris
Diderot), du laboratoire Rôle des canaux ioniques membranaires et du
calcium intracellulaire dans le cancer de la prostate (Inserm, Université
de Lille 1) et de l'Université du Michigan aux États-Unis, l'équipe
dirigée par Stanislas Tomavo au CIIL vient d'identifier, chez Toxoplasma
gondii, un récepteur transmembranaire de type I, indispensable au
trafic intracellulaire des protéines, à la biogenèse des organites
apicaux et à la survie du parasite.
Ce récepteur est un homologue de la sortiline humaine, connue pour ses
différents rôles dans la maladie d'Alzheimer, la maladie de Parkinson et
le diabète. Les chercheurs ont démontré que la sortiline de Toxoplasma
gondii est un récepteur golgien et post-golgien clé, dont le domaine
peptidique N-terminal interagit spécifiquement avec les protéines des
rhoptries et micronèmes, alors que son extrémité peptidique C-terminal
se lie à plusieurs partenaires protéiques cytoplasmiques du système
endosomal, en détournant leurs fonctions dans le sens de l'acheminement
des protéines vers les organites apicaux.
L'absence du peptide C-terminal ou de la sortiline entière chez des
parasites mutants entraîne une délocalisation des protéines
transportées, voire une disparition des organites apicaux vitaux, ce qui
conduit à l'atténuation de la virulence parasitaire et surtout, l'absence de symptômes toxoplasmiques chez les animaux infectés.
Cette découverte d'une sortiline ayant des caractéristiques structurales
exclusives aux parasites apicomplexes permet non seulement d'avancer
dans la compréhension des mécanismes fondamentaux du trafic
intracellulaire et de la biogenèse des organites apicaux sécrétoires
chez ces parasites, mais aussi d'envisager de nouvelles stratégies
thérapeutiques contre la toxoplasmose, le paludisme et autres maladies
parasitaires humaines et vétérinaires.