Publiée dans la revue Animal Behaviour, une étude internationale a évalué dans quelle mesure les professionnels étudiant la personnalité des grands singes sont influencés par leurs propres préjugés. Les résultats indiquent que la neutralité est généralement respectée, ce qui valide globalement les études sur la psychologie des grands primates.

Des études antérieures suggèrent que les chimpanzés partagent avec nous les cinq grandes dimensions de la personnalité ‘humaine’ (nervosité, extraversion, ouverture à l'expérience, amabilité et conscience), et les orang-outans, trois (nervosité, extraversion, amabilité).

Mais des chercheurs des universités d'Édimbourg (Écosse), de Kyoto (Japon) et de Tucson (Arizona) se sont posés la question suivante : les éthologues étudiant le comportement des primates pour dégager ce genre de conclusions ne sont-ils pas eux-mêmes influencés par leurs propres jugements de valeurs typiquement humains (ce qu’on appelle l’anthropomorphisme), ce qui pourrait biaiser les expériences ?

Pour y répondre, les auteurs de l’étude ont envoyé, à 230 de ces professionnels travaillant dans des zoos ou des centres de recherche des États-Unis, du Canada, d'Australie et du Japon, un questionnaire d’évaluation de la personnalité des singes observés, comportant une cinquantaine d’items à noter sur une échelle de 1 à 7. Épluchant ensuite les résultats via le filtre d’une méthode statistique, ils ont ‘évalué les évaluateurs’.

"Nous avons constaté que (…) ces différences [de préjugés] entre les observateurs ne changeaient rien, ce qui suggère que ces observateurs ne projettent pas sur les animaux leurs propres idées concernant la personnalité, (..) et justifie donc le point de vue selon lequel les chimpanzés ont des personnalités, et peut-être [même] l’idée plus controversée selon laquelle leurs personnalités sont assez similaires à celles des humains", conclut le Dr Alexander Weiss, de l'Université d'Édimbourg cité par la BBC.