Source: Université de Grenade

Des scientifiques de l'Université de Grenade ont dessiné divers composés pharmaceutiques analogues à la mélatonine, servant à inhiber l'enzyme nitrique oxyde synthase (NOS), impliquée dans des problèmes comme la maladie inflammatoire intestinale, le choc septique ou l'arthrite rhumatisante, ainsi que d'autres maladies neurodégénératives comme celle de Huntington, la sclérose latérale amyotrophique ou le Parkinson.

Certains parmi ces nouveaux composés développés à l'Université de Grenade ont déjà été essayés in vivo sur des rats, et présentent "des propriétés pharmacologiques très intéressantes, vu qu'ils sont beaucoup plus efficaces que la mélatonine" pour inhiber l'enzyme NOS dans des modèles de Parkinson. La plupart de ces résultats ont été publiés dans la revue Journal Medicinal Chemistry.

La mélatonine est une hormone secrétée par la glande pinéale qui produit des effets inhibitoires au niveau du système nerveux central chez les rats et les humains, présentant ainsi des propriétés anticonvulsives et neuroprotectrices. Ces propriétés peuvent être interprétées par leur capacité d'inhiber la formation d'oxyde nitrique, impliqué dans nombre de processus physiologiques et pathologiques, raison pour laquelle leur production doit être régulée. Actuellement, la science poursuit comme objectif thérapeutique "le développement d'inhibiteurs puissants et sélectifs de chaque isoforme de la NOS, ce qui supposerait contrôler certains états pathologiques, ainsi qu'aider à définir le rôle exact des différentes isoformes dans le système biologique."

Dessin de nouvelles isoformes

Les chercheurs de l'Université de Grenade ayant participé à cette étude travaillent au département de Chimie Pharmaceutique et Organique, et à l'Institut de Biotechnologie. Prenant comme modèle la propre mélatonine, ils ont dessiné et synthétisé plusieurs familles de composés (kynurénines, kynurénamines et phénylpyrazoles) qui agissent comme des inhibiteurs de NOS. La comparaison structurelle de ces trois familles de composés représentatifs "permet l'établissement de rapports de structure-activité pour l'inhibition de l'enzyme NOS, ainsi que le développement d'un modèle qui pourrait servir de base pour dessiner de nouveaux inhibiteurs de cette enzyme", soulignent les chercheurs.

L'oxyde nitrique est une molécule très réactive qui possède une moyenne de vie relativement bonne, une substance non polaire, c'est-à-dire qu'elle traverse facilement les membranes cellulaires, se diffuse sur d'autres tissus et réagit avec une multitude de molécules. C'est, de plus, un important messager biologique impliqué dans de nombreux processus physiologiques comme la neurotransmission, la pression et le réglage de la circulation sanguine, l'agrégation plaquettaire et l'inflammation.

Diverses études confirment que chaque isoforme de la NOS est impliqué dans différents rôles biologiques ; ainsi, la nNOS se trouve principalement dans le tissu neuronal et joue un rôle très important dans la production de NO comme neurotransmetteur, la eNOS se trouve principalement dans l'endothélium vasculaire, où il régule la tension artérielle et le tonus vasculaire, et la iNOS, dont l'expression est induite en macrophages activés et autres types de cellules, est impliquée dans la défense de l'organisme. Enfin, les isoformes mitochondriales c-mtNOS et i-mtNOS participent à la production de NO dans la cellule tout en contrôlant les processus bioénergétiques dans cet organite.