Dans une récente étude publiée dans la revue Biology Letters, des chercheurs expliquent qu'ils sont parvenus à expliquer pourquoi certains musiques discordantes, telles que le rock, créent parfois en nous des émotions négatives. Certains caractéristiques de celles-ci s'apparenteraient en fait à des cris d'animaux en détresse.

Aujourd'hui, 21 juin, se tient la 31e fête de la musique. L'occasion pour tous les mélomanes de sortir dans les rues partir écouter les musiciens professionnels comme amateurs qui jouent leurs compositions en plein air. Mélancoliques ou dansantes, enjouées ou plus lourdes, il y en aura pour tous les goûts aujourd'hui à la grande joie de tous. Mais si les effets bénéfiques de la musique ne sont plus à démontrer, les mécanismes qu'elle déclenche chez nous restent aujourd'hui assez mystérieux. Toutefois, des chercheurs viennent de trouver de nouveaux éléments pour élucider une partie de l'énigme : pourquoi certains types de musique créent-ils  en nous des émotions négatives telles que la peur ou l'agressivité ?

Aussi surprenant que cela puisse paraitre, c'est en s'intéressant à des marmottes que les chercheurs ont réalisé une partie de leur étude. En effet, Daniel Blumstein, biologiste à l'université de Californie a observé ces petits mammifères et remarqué quelque chose d'intéressant à propos de leurs cris. "Les petits se mettent parfois à crier lorsqu'on les capture", explique ce chercheur. Mais ces cris sont très particuliers. Ceux-ci "sont très différents des autres vocalisations que nous avons étudiées, ressemblant un peu à une alarme de réveil", ajoute t-il cité par Live Science.

En poursuivant les recherches, ce scientifique a alors découvert des preuves attestant que la musique pouvait posséder des caractéristiques semblables à ces fameux cris d'animaux. Si tel était le cas, elle avait alors davantage tendance à exciter l'attention des auditeurs humains. Pour arriver à cette conclusion, Daniel Blumstein s'est fait aider par un autre spécialiste, Gregory Bryant chercheur à UCLA avec qui il a créé 12 petits clips de musique différents. Alors que certaines étaient plutôt fades et ne provoquaient pas d'émotion particulière, les autres en revanche comportaient des sons plus brutaux et agités, pour certains similaires aux effets de guitare utilisés dans la musique rock. L'idée était ainsi de créer des sons discordants ressemblant un peu aux fameux cris de détresse animaux. 

Une musique perçue comme une voix chargée d'émotion

Ensuite, les chercheurs ont fait écouter les sons à des étudiants et leur ont demandé de témoigner de leur ressenti : tous ont dit que les musiques plus rudes étaient plus excitantes mais surtout déclenchaient plus d'émotions négatives que les autres. Au cours d'une seconde expérience, Blumstein et Bryant ont alors couplé les mêmes clips musicaux avec des vidéos ennuyeuses montrant par exemple quelqu'un en train de marcher ou de boire un café. Puis ils ont fait regarder ces vidéos à un autre groupe d'étudiants. Au final, ils ont constaté que l'addition de la vidéo semblait éliminer le côté excitant des musiques. En revanche, les sujets ressentaient toujours les émotions négatives associées.

"Quand nous écoutons de la musique, un grand nombre de mécanismes se déclenchent dans notre cerveau pour nous aider à la comprendre. Mais ceux-ci ont probablement été conçus au départ pour percevoir les émotions dans les voix. En quelque sorte, la musique remplit donc ce rôle de voix émotionnelle", explique Gregory Bryant. Dans cette seconde expérience néanmoins, la vue interfère avec ces mécanismes. Comme le souligne Daniel Blumstein, les humains se fient beaucoup à leur vue. Ainsi, il est possible que les sujets aient inconsciemment déconnecter leurs signaux d'alarme en voyant les scène bénignes.

Une sensibilité déjà utilisée par les compositeurs

Désormais, les chercheurs prévoient d'étudier les réponses physiologiques engendrées par la musique contenant ces caractéristiques particulières. Toutefois, pour eux, ces effets sont loin d'être une découverte dans la mesure où ils sont utilisés depuis des décennies par les compositeurs de musique de film et de télévision. Souvenez-vous la musique de la scène de la douche dans le film Psycho ou encore celle qui marque les attaques de requin dans les Dents de la mer.

"Je pense que les compositeurs exploitent ces sensibilités sans le réaliser. Ce sont des sons naturels qui attirent notre attention et les personnes qui produisent la musique ont un sens intuitif de cela", même s'ils ignorent d'où cela vient, commente le biologiste.