Auteur de l'article: Cédric DEPOND

La maladie de Parkinson est une pathologie neurologique incurable. Elle touche 150 000 personnes en France (14 000 nouveaux cas par an) et il est à ce jour impossible de la diagnostiquer par de simples analyses, car aucun marqueur biologique n'a encore été identifié. Pour le moment, seule l'observation de symptômes cliniques permet de la diagnostiquer (lenteur des mouvements, tremblements, raideur...), à laquelle s'ajoute parfois un appel à des techniques d'imagerie médicales permettant d'exclure d'autres éventuelles maladies.

Une nouvelle piste vient d'être étudiée par un mathématicien du MIT (l'Institut technologique du Massachusetts), Max Little, qui s'est associé à deux autres chercheurs de l'université britannique d'Oxford. Son idée a été de mettre au point un logiciel qui permet de détecter aisément cette maladie en analysant la voix du patient. Le logiciel serait capable de déceler les infimes modifications de la voix qui seraient l'un des premiers signes de cette pathologie. Ce système permettrait d'ailleurs une analyse par simple appel téléphonique, ce qui pourrait améliorer le suivi des patients, par exemple pour vérifier les résultats d'un ajustement de traitement.

Pour développer ce système, le chercheur a rassemblé des échantillons de voix de 50 personnes atteintes de cette maladie, enregistrées chaque mois pendant 6 mois. Il a également intégré des échantillons de voix de personnes en bonne santé, mais également de personnes présentant d'autres pathologies pouvant elles aussi altérer le son des cordes vocales. Il a ensuite développé un algorithme capable de détecter les particularités de ces échantillons, et de déceler les changements purement associés à la maladie. Le système, encore perfectible, sait aujourd'hui identifier les voix des personnes atteintes de la maladie de Parkinson avec un taux de réussite de 86%.

Le logiciel "apprend" ainsi à détecter les différences dans les modes vocaux. Grâce à ces premiers échantillons, il a appris à faire la différence entre les particularités engendrées par cette maladie et d'autres éventuels tremblements ou altérations dus à divers facteurs (rhume, tabagisme, chirurgie de la gorge...). Reste à analyser de nombreux échantillons complémentaires, d'une population la plus large possible afin de rendre ce système le plus perfectible possible.

Max Little lance d'ailleurs un appel aux volontaires, malades ou bien portants, qui accepteraient de prêter leur voix pour l'occasion. Il ambitionne de récolter 10 000 voix en provenance d'une dizaine de pays, afin d'avoir un logiciel opérationnel d'ici deux ans. Les bénévoles peuvent s'inscrire sur son site, qui est ouvert à 7 pays pour l'instant.