Source : Interview de Gilles Mithieux, 5 juillet 2012 - µ-opioid receptors and dietary protein stimulate a gut-brain neural circuitry limiting food intake, étude menée par une équipe de l’INSERM, du CNRS et de l’Université Claude Bernard Lyon 1, publiée dans la revue Cell, 5 juillet 2012

Pourquoi un œuf, du jambon ou du fromage lorsque nous les consommons au petit déjeuner, nous épargnent-ils le fameux « coup de pompe » de 11h ? Pour la première fois, une équipe française décrit le mécanisme cérébral expliquant la persistance de la satiété après un repas riche en protéines.

Celle-ci en fait, résulterait d'une sorte de « conversation » instaurée entre le système digestif et le cerveau. Un échange initié par les protéines alimentaires, que l'on trouve surtout dans les viandes, le poisson les œufs mais également dans certaines légumineuses, comme les lentilles…

Réaction en chaîne

A l'origine de ce mécanisme, une véritable réaction en chaîne. Gilles Mithieux, directeur de l'unité INSERM 855 «Nutrition et cerveau» (Lyon) nous la décrit :

- Lorsque nous mangeons des protéines, celles-ci sont transformées en peptides, qui sont autant de « briques alimentaires » dont une partie ensuite, passe dans le sang ;

- Ces peptides agissent ensuite sur des récepteurs spécifiques (les récepteurs μ-opioïdes) situés à la sortie de l'intestin ;

- Un message est alors envoyé au cerveau ;

- Celui-ci répond à ce dernier, déclenche la production de glucose au niveau de l'intestin à travers un processus biochimique connu de longue date : la néoglycogénèse. Celle-ci est totalement indépendante des apports glucidiques alimentaires ;

- Une fois ce glucose détecté, un nouveau signal est envoyé aux zones cérébrales contrôlant la prise alimentaire, comme l'hypothalamus, et c'est ce dernier ‘message' qui induit la sensation de satiété et contrôle donc, notre appétit….

Une piste contre l'obésité ?

C’est grâce à ce processus complexe que nous nous sentons toujours rassasiés, éventuellement plusieurs heures après un repas de protéines. « Cette découverte permet d’envisager de nouvelles pistes thérapeutiques dans le traitement de l’obésité » conclut Gilles Mithieux. Il ajoute toutefois, que lorsqu’ils sont « sollicités trop fortement, ces récepteurs peuvent devenir insensibles. Il faudrait donc trouver le meilleur moyen de les activer « avec modération », afin de préserver à long terme l’effet bénéfique qu’ils exercent sur le contrôle de la prise alimentaire ».