Source: CNRS-INEE

Une étude pilote, menée sur des populations de papillons et de lézards, vient valider le principe de fonctionnement du Métatron, plate-forme de recherche unique au monde dédiée à l'étude du déplacement d'individus soumis à des changements environnementaux. Ces travaux, conduits par une équipe de chercheurs de la Station d'écologie expérimentale du CNRS à Moulis en Ariège, du Muséum national d'Histoire naturelle (Paris) et du laboratoire Evolution et Diversité Biologique (Université Toulouse III - Paul Sabatier/CNRS/ENFA), ont été publiés dans la revue Nature Methods le 15 juillet.

Le Métatron (1) est un dispositif expérimental permettant d'étudier, grandeur nature, les déplacements d'organismes terrestres soumis à des changements dans leur milieu de vie. Le déplacement des espèces est un phénomène crucial. Également appelé dispersion, il permet le brassage de gènes entre populations. Il s'agit d'un des processus clés de l'écologie évolutive. C'est pour identifier certains des facteurs qui influencent ces déplacements et pour mieux prédire la façon dont les espèces s'adaptent aux changements globaux que le Métatron a été conçu. Installé à quelques kilomètres de Moulis, il est composé de 48 cages dans lesquelles température, humidité et luminosité peuvent être contrôlées de façon indépendantes grâce à un système informatique de contrôle à distance. Les cages sont reliées entre elles par des corridors dont les ouvertures entièrement modulables permettent le passage des espèces d'une cage à l'autre.

Des études réalisées sur des populations de papillons Pieris brassicae et de lézards Zootoca vivipara, montrent que ces espèces adoptent, au sein du Métatron, le comportement que les scientifiques prévoyaient. Soumis à des contraintes de fragmentation de leur habitat (présence de cages) et à des changements des caractéristiques de leur milieu de vie (cages de différentes températures ...), papillons et lézards agissent selon un type de fonctionnement dit "en métapopulation". Les chercheurs ont ainsi observé que les populations de papillons et lézards se déplaçaient, qu'elles colonisaient certaines cages et disparaissaient d'autres. L'impact à long terme de ces déplacements sur la modification de la composition génétique des populations devrait être étudié prochainement. Le Métatron fournit donc des possibilités uniques quant à la validation des modèles théoriques de l'écologie spatiale, en particulier ceux intégrant l'impact de la fragmentation des habitats et du réchauffement climatique sur la biodiversité.

Note: (1) Le Métatron, un dispositif de l'Institut écologie et environnement du CNRS, a bénéficié du soutien de l'Etat, de la région Midi-Pyrénées, du Conseil général de l'Ariège, de la communauté de communes de Saint-Girons et du CNRS

Référence: Delphine Legrand, Olivier Guillaume, Michel Baguette, Julien Cote, Audrey Trochet, Olivier Calvez, Susanne Zajitschek, Felix Zajitschek, Jane Lecomte, Quentin Bénard, Jean-François Le Galliard, Jean Clobert, The Metatron: an experimental system to study dispersal and metaecosystems for terrestrial organisms, Nature Methods, 15 juillet 2012
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