Le sucre pour se protéger de la neurodégénérescence
Par Benje le samedi, juillet 21 2012, 09:23 - Nouvelles Scientifiques - Lien permanent
Source: Centre de recherche du CHUM - Université de Montréal
Une étude publiée dans la revue américaine Aging Cell et dirigée
par le professeur de pathologie et biologie cellulaire et chercheur au
Centre de recherche du CHUM (Montréal), Alex Parker, fait état d'une
découverte étonnante: le glucose, ou le sucre, protège contre de
multiples formes de neurodégénérescence. Mais ceci a un prix: ce qui
semble être bon pour les neurones pourrait être moins bénéfique pour la
santé en général.
Plusieurs troubles neurodégénératifs, tels que la sclérose latérale
amyotrophique (SLA) ou la maladie de Lou Gehrig, la maladie d'Alzheimer
et la maladie de Huntington, sont associés au vieillissement. Ainsi, bon nombre
de recherches se sont intéressées aux mécanismes associés au
vieillissement, l'idée étant que plus on en fait pour assurer la santé
en vieillissant, plus on repousse les maladies liées au vieillissement.
Une des stratégies les mieux connues à cette fin concerne la restriction
calorique, c'est-à-dire la réduction de l'apport en nourriture. On a
démontré que cette approche améliore la santé et l'espérance de vie.
Ainsi, on a supposé que la restriction calorique pourrait également
retarder la manifestation de la neurodégénérescence. L'équipe d'Alex
Parker a travaillé dans ce sens avec C. elegans, un ver d'un millimètre
de long utilisé par les chercheurs pour étudier plusieurs questions
biologiques.
"Même si la restriction calorique semble améliorer la santé en général,
pendant de nombreuses années nous avons tenté de trouver des effets
bénéfiques dans nos modèles de neurodégénérescence, explique le chercheur.
Or, il n'y avait que peu ou pas d'effet et dans certains cas, cette
approche a même empiré les choses." Devant cet échec, le professeur
Parker et son équipe ont pris le chemin inverse.
Au lieu d'assujettir les vers à une restriction calorique, ils les ont
traités avec des niveaux élevés de glucose. Le résultat fut étonnant.
"À notre grande surprise, on a observé chez les vers traités avec des
niveaux élevés de glucose une réduction importante de la
neurodégénérescence et ce, dans tous nos modèles !" explique Alex
Parker. Le chercheur croit que les neurones malades ont un déficit
énergétique et que cet apport en glucose leur fournit les ressources
nécessaires pour fonctionner normalement et lutter contre la
dégénérescence. Mais, il y a un prix à payer. Même si les vers
démontrent moins de neurodégénérescence, en général ils sont en moins
bonne santé et vivent moins longtemps. "Le régime alimentaire peut
avoir des effets profonds sur la santé et nous avons découvert ici un
rôle jusqu'alors inconnu des sucres: la protection contre certaines
formes de neurodégénérescence, même si cela peut entraîner d'autres
problèmes de santé" note le Professeur Parker.
Le défi maintenant est de trouver des approches thérapeutiques qui ne
cibleront que les neurones en évitant les effets maléfiques de l'apport
en glucose tels que l'obésité et le diabète. À cette fin, l'équipe
d'Alex Parker a débuté des expériences sur le vers dans le but
d'identifier les voies génétiques mises en jeu pour observer les effets
protecteurs du glucose. Le but ultime sera ensuite de déterminer si ces
mécanismes génétiques se retrouvent chez l'humain et s'ils sont affectés
chez les patients atteints de maladies neurodégénératives. Les
recherches d'Alex Parker sont financées par les Instituts de recherche
en santé du Canada, la Fondation canadienne pour l'innovation, la
Société canadienne de la SLA, et le Conseil de recherches en sciences
naturelles et en génie du Canada.