Source: Centre de recherche du CHUM - Université de Montréal

Une étude publiée dans la revue américaine Aging Cell et dirigée par le professeur de pathologie et biologie cellulaire et chercheur au Centre de recherche du CHUM (Montréal), Alex Parker, fait état d'une découverte étonnante: le glucose, ou le sucre, protège contre de multiples formes de neurodégénérescence. Mais ceci a un prix: ce qui semble être bon pour les neurones pourrait être moins bénéfique pour la santé en général.

Plusieurs troubles neurodégénératifs, tels que la sclérose latérale amyotrophique (SLA) ou la maladie de Lou Gehrig, la maladie d'Alzheimer et la maladie de Huntington, sont associés au vieillissement. Ainsi, bon nombre de recherches se sont intéressées aux mécanismes associés au vieillissement, l'idée étant que plus on en fait pour assurer la santé en vieillissant, plus on repousse les maladies liées au vieillissement.

Une des stratégies les mieux connues à cette fin concerne la restriction calorique, c'est-à-dire la réduction de l'apport en nourriture. On a démontré que cette approche améliore la santé et l'espérance de vie. Ainsi, on a supposé que la restriction calorique pourrait également retarder la manifestation de la neurodégénérescence. L'équipe d'Alex Parker a travaillé dans ce sens avec C.  elegans, un ver d'un millimètre de long utilisé par les chercheurs pour étudier plusieurs questions biologiques.

"Même si la restriction calorique semble améliorer la santé en général, pendant de nombreuses années nous avons tenté de trouver des effets bénéfiques dans nos modèles de neurodégénérescence, explique le chercheur. Or, il n'y avait que peu ou pas d'effet et dans certains cas, cette approche a même empiré les choses." Devant cet échec, le professeur Parker et son équipe ont pris le chemin inverse. Au lieu d'assujettir les vers à une restriction calorique, ils les ont traités avec des niveaux élevés de glucose. Le résultat fut étonnant.

"À notre grande surprise, on a observé chez les vers traités avec des niveaux élevés de glucose une réduction importante de la neurodégénérescence et ce, dans tous nos modèles !" explique Alex Parker. Le chercheur croit que les neurones malades ont un déficit énergétique et que cet apport en glucose leur fournit les ressources nécessaires pour fonctionner normalement et lutter contre la dégénérescence. Mais, il y a un prix à payer. Même si les vers démontrent moins de neurodégénérescence, en général ils sont en moins bonne santé et vivent moins longtemps.   "Le régime alimentaire peut avoir des effets profonds sur la santé et nous avons découvert ici un rôle jusqu'alors inconnu des sucres: la protection contre certaines formes de neurodégénérescence, même si cela peut entraîner d'autres problèmes de santé" note le Professeur Parker.

Le défi maintenant est de trouver des approches thérapeutiques qui ne cibleront que les neurones en évitant les effets maléfiques de l'apport en glucose tels que l'obésité et le diabète. À cette fin, l'équipe d'Alex Parker a débuté des expériences sur le vers dans le but d'identifier les voies génétiques mises en jeu pour observer les effets protecteurs du glucose. Le but ultime sera ensuite de déterminer si ces mécanismes génétiques se retrouvent chez l'humain et s'ils sont affectés chez les patients atteints de maladies neurodégénératives. Les recherches d'Alex Parker sont financées par les Instituts de recherche en santé du Canada, la Fondation canadienne pour l'innovation, la Société canadienne de la SLA, et le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada.