Des chercheurs découvrent l'origine génétique du tremblement essentiel
Par Benje le dimanche, août 5 2012, 21:33 - Nouvelles Scientifiques - Lien permanent
Des chercheurs de l'Université de Montréal, du CHU Sainte-Justine et du
CHUM, ont relié certains cas de tremblement essentiel (TE) à un problème
génétique précis. Bien que peu connue, cette maladie est le trouble moteur le plus fréquent dans la population et sa fréquence
augmente avec l'âge. La caractéristique principale des cas de TE est la
présence de tremblements involontaires accompagnant les gestes
quotidiens, plus particulièrement les mouvements fins. Le Dr Guy Rouleau
et les chercheurs ayant collaboré avec lui sur ce projet publieront leurs conclusions aujourd'hui dans la revue scientifique The American Journal of Human Genetics.
Au fils des dernières décennies, différentes études ont permis de
comprendre l'évolution de la maladie chez les individus ayant reçu un diagnostic
de TE. Ces avancées ont permis d'observer une dégénération (mort
cellulaire) de régions du cerveau contrôlant les muscles moteurs.
D'autres études ont laissé entrevoir que la source du problème chez de
nombreux cas de TE serait génétique. L'ensemble de ces observations
n'avait cependant pas encore permis d'identifier la cause menant à la
mort des cellules nerveuses touchées et cela représentait un défi encore
non relevé.
Depuis 2009, les cliniciens et chercheurs savaient déjà que des mutations d'un gène appelé FUS (Fused in Sarcoma) provoquaient la sclérose latérale amyotrophique (SLA). L'équipe de recherche
sur le TE, dirigée par le Dr Rouleau, a maintenant établi que des
mutations au niveau du même gène peuvent aussi engendrer des cas de TE.
Les travaux de cette équipe indiquent que les mécanismes pathologiques
découlant des mutations du gène FUS dans les cas de TE et de SLA
semblent distincts.
La Dre Nancy Merner explique qu'au moment où elle a entamé ses travaux
post-doctoraux dans le laboratoire du Dr Rouleau, elle s'est sentie
interpellée par l'étude du TE. "Il y avait à la fois une abondance de
familles avec TE et une révolution des technologies de séquençage
capable de faciliter la recherche de gènes ; une excellente occasion
d'identifier un tout premier gène capable d'expliquer des cas de TE. En
guise de démonstration
de principe, nous avons identifié une famille typique et examiné
l'ensemble des gènes chez des individus clés qui étaient affectés dans
cette famille. Cette approche simple a permis de contourner les
obstacles cliniques qui avaient nui aux tentatives antérieures visant à
identifier des gènes causant le TE ". L'ensemble des membres de l'équipe
de recherche partagent sa vision positive.
Pour sa part, le Dr Guy Rouleau indique que "cette découverte
représente la première information génétique permettant de cerner le
mécanisme pathologique causant le TE, ce qui sera bénéfique pour le
diagnostic et l'élaboration de futurs médicaments. La transition vers un
diagnostic génétique permettra un jour
de réduire les erreurs de diagnostic du TE, ¾ des erreurs de diagnostic
se produisant dans 37 à 50 % des cas de TE". Le Dr Patrick Dion
ajoute : "Notre étude représente une approche stratégique qui est déjà
utilisé pour l'identification d'autres gènes causant le TE. Il est donc
fort possible que ces différents gènes affectent une voie commune menant
à la dégénération des régions du cerveau qui sont affectées dans les
cas de TE".
Chez les personnes touchées, les tremblements sont habituellement
gênants et ils peuvent rendre difficile certaines tâches quotidiennes,
comme travailler, écrire, manger ou boire, puisque les secousses
affectant les mains sont les plus courantes et que ces personnes peuvent
éprouver des difficultés à tenir ou à utiliser de petits objets. La
Dre Merner ajoute que "la prochaine étape consistera à utiliser nos
résultats pour améliorer la qualité de vie des personnes affligées par
ces tremblements".
L'identification du gène FUS a été faite au laboratoire Rouleau et
soutenue par la Chaire Jeanne-et-J.-Louis-Lévesque en génétique des
maladies du cerveau de l'Université de Montréal et par les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC). La Dre Merner est récipiendaire d'une bourse de recherche du Réseau de médecine génétique appliquée (RMGA).
À propos de l'étude : "Exome sequencing identifies FUS mutations as a cause of essential
tremor. " Auteurs : Nancy D. Merner, Simon L. Girard, Hélène Catoire,
Cynthia V. Bourassa, Véronique V. Belzil, Jean-Baptiste Rivière, Pascale
Hince, Annie Levert, Alexandre Dionne-Laporte, Dan Spiegelman, Anne
Noreau, Sabrina Diab, Anna Szuto, Hélène Fournier, John Raelson, Majid
Belouchi, Michel Panisset, Patrick Cossette, Nicolas Dupré, Geneviève
Bernard, Sylvain Chouinard, Patrick A. Dion et Guy. A Rouleau.
À propos des chercheurs : Dr Guy Rouleau, M.D., Ph. D., professeur, Faculté de médecine,
Université de Montréal, directeur du Centre de recherche du CHU
Sainte-Justine, chercheur
au Centre de recherche du Centre hospitalier de l'Université de
Montréal.Dr Nancy Merner, Ph. D., détentrice d'une bourse de
perfectionnement postdoctoral, Faculté de médecine, Université de
Montréal Dr Patrick Dion, Ph. D., associé de recherche, Faculté de
médecine, Université de Montréal