Parkinson: la caféine pourrait soulager les symptômes
Par Benje le mardi, août 7 2012, 09:32 - Nouvelles Scientifiques - Lien permanent
Source: Julie Robert - Centre universitaire de santé McGill
La caféine, largement consommée dans le monde sous forme de café, de thé ou de sodas, pourrait améliorer le contrôle
du mouvement chez les personnes atteintes de la maladie de Parkinson.
C'est ce que révèlent les résultats d'une étude menée par l'Institut de recherche
du Centre universitaire de santé McGill (IR CUSM) qui vient d'être
publiée dans Neurology – le journal médical de l'American Academy of
Neurology. Ces résultats ouvrent la voie au développement de nouvelles
options de traitements pour Parkinson, qui touche environ 100 000
Canadiens.
"C'est une des premières études qui montre le bénéfice de la caféine sur
les problèmes de mouvements chez les personnes ayant la maladie de
Parkinson", affirme le docteur Ronald Postuma, auteur principal de
l'étude, chercheur en neurosciences à l'IR CUSM et professeur de médecine au département de neurologie et de neurochirurgie de l'Université
McGill. "Nous savions déjà que les personnes qui boivent du café ont
moins de risques de développer la maladie de Parkinson mais aucune étude
n'avait été faite sur les applications cliniques suite à cette
découverte."
La caféine – un des stimulants psychomoteurs les plus utilisés au monde – agit sur le système nerveux
central et sur le système cardio-vasculaire en diminuant la somnolence
et en augmentant l'attention, de manière temporaire. Selon le docteur
Postuma, la somnolence est communément associée à la maladie de
Parkinson. "Nous voulions voir l'effet que pouvait avoir la caféine sur
la somnolence et les symptômes moteurs la maladie de Parkinson, tels que la lenteur des mouvements, la rigidité, les tremblements et la perte de l'équilibre."
Les chercheurs ont suivi un groupe de 61 personnes ayant Parkinson.
Alors que le groupe contrôle recevait des pilules placebos, l'autre
moitié du groupe recevait une dose de 100 mg de caféine deux fois par jour durant trois semaines puis de 200 mg pour trois autres semaines; l'équivalent de deux à quatre tasses de café par jour.
"Les participants qui ont reçus les suppléments de caféine, semblaient
présenter des symptômes moteurs moins graves (cinq points d'amélioration
sur l'échelle Unified Parkinson's Disease Rating Scale qui sert de
mesure pour quantifier la sévérité de la maladie de Parkinson) que ceux
qui avaient reçu les placebos", souligne le docteur Postuma. "Ceci était
du à une amélioration de la rapidité des mouvements et au niveau de la
rigidité." La caféine n'a eu qu'un effet limité sur la somnolence et n'a
pas eu d'incidence sur la dépression ni sur la qualité du sommeil
durant la nuit chez les participants à l'étude.
Selon le docteur Postuma, de plus larges études doivent être menées sur
une durée étendue afin de mettre plus clairement en évidence les
améliorations liées à la prise de caféine. "La caféine comme option de
traitement pour la maladie de Parkinson est une piste à explorer. Elle
pourrait être utile afin de compléter les effets de la médication et
pourrait alors aider à réduire la dose de médicament chez les patients",
conclut-il.
Financement: Les travaux de recherche ont été financés par les
Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) et par la Fondation
Webster.
Partenaires de recherche: L'étude a été coécrite par Ronald B. Postuma,
Silvia Rios Romenets et Robert Altman (Département de Neurologie,
McGill/CUSM); Amélie Pelletier (Département de Neurologie, McGill/CUSM,
IR CUSM); Kathia Charland (Département d'épidémiologie, de
biostatistiques et de sante évaluative au travail, McGill); Anthony E.
Lang, Rosa Chuang et Binit Shah du Morton and Gloria Shulman Movement
Disorders Center and the Edmond J. Safra Program in Parkinson's Disease
Toronto Western Hospital, Université de Toronto; Renato P. Munhoz,
Mariana Moscovich, Luciane Filla et Debora Zanatta de l'Université
Catholique de Parana, Brésil.