Hoshi: une particule de matière extraterrestre inconnue analysée
Par Benje le mardi, septembre 11 2012, 20:05 - Nouvelles Scientifiques - Lien permanent
Source: BE Japon numéro 626 (7/09/2012) - Ambassade de France au Japon / ADIT - http://www.bulletins-electroniques.com/ ... /70893.htm
La JAXA (Japan Aerospace Exploration Agency) et l'université d'Ibaraki
ont annoncé le 30 août 2012 qu'une particule d'une matière
extraterrestre jusqu'alors inconnue avait été découverte grâce à
l'expérience MPAC&SEED.
Développée par la JAXA, MPAC&SEED a été attachée à l'extérieur du module russe Zvezda de la Station Sapciale Internationale
(ISS) de 2001 à 2005. Elle était composée de MPAC (Micro-Particles
Capturer), pour capturer des micrométéorites et des débris spatiaux, et
SEED (Space Environment Exposure Device), permettant d'exposer des matériaux (matériaux de contrôle thermique,
peintures, lubrifiants, adhésifs, matériaux polymères, etc.) au milieu
spatial et d'observer leur dégradation, due notamment à l'action du rayonnement cosmique, de l'oxygène atomique et des rayons ultraviolets. Trois unités MPAC&SEED identiques ont été lancées le 21 août 2001 et
installées sur le module Zvezda. Elles ont ensuite été récupérées
séparément en 2002 après 315 jours pour la première, en 2004 après 865 jours pour la seconde et en 2005 après 1403 jours d'exposition pour la dernière, puis analysées une fois rapportées sur Terre. Plus récemment, un nouveau dispositif MPAC&SEED a été inclus dans l'expérience SEDA-AP (Space Environment Data Acquisition
Equipment - Attached Payload), montée sur la plateforme externe du
module japonais JEM/Kibo en 2009. Ce dispositif a été récupéré en avril
2010 et les particules qu'il a permis de capturer sont toujours en cours
d'analyse. La nouvelle particule découverte par les scientifiques japonais a été
identifiée dans la troisième unité MPAC&SEED du module russe de
l'ISS, récupérée en 2005.
L'expérience utilisait des plaques d'aérogel
de silice, un solide transparent et poreux de faible densité
(0.03g/cm3), afin de capturer des particules sans les endommager et
permettre une estimation des paramètres de leur impact (direction
incidente, vélocité, diamètre de la particule). Le matériau extraterrestre dont est composée la particule a été nommé "Hoshi", ce qui signifie "étoile"
en japonais. Cette appellation a été choisie en référence au lieu de sa
découverte, le module "Zvezda", dont le nom signifie également "étoile"
en russe.
La particule, qui mesure environ 30 micromètres, a été analysée par la JAXA et l'université
d'Ibaraki. Bien que ressemblant aux chondres présents dans les
météorites primitives, elle possède une structure et des
caractéristiques minéralogiques n'ayant encore jamais été observées dans
les chondres connues jusqu'à présent. Pourtant, les ratios des isotopes
d'oxygène des minéraux contenus dans Hoshi (olivine, pyroxènes, etc.)
ressemblent à ceux des micrométéorites récupérées sur Terre ou dans l'atmosphère, ainsi qu'à ceux des échantillons de la comète Wild 2 récupérés par la sonde
américaine Stardust.
C'est la première fois qu'un matériau présentant
ces caractéristiques est découvert, et les scientifiques estiment que la
particule pourrait provenir d'un petit corps céleste différent de ceux
dont sont originaires des substances extraterrestres étudiées
auparavant. Le fait que des particules de poussière interplanétaire ou des
micrométéorites présentant les mêmes caractéristiques minéralogiques
qu'Hoshi n'aient jamais été découvertes pourrait s'expliquer par les
altérations subies par ces corps lorsqu'ils traversent l'atmosphère ou
une fois qu'ils sont au sol. Il est donc très intéressant pour les
scientifiques d'avoir un moyen de récupérer des échantillons directement
dans l'espace, par exemple en attachant un dispositif de capture à l'extérieur de l'ISS.
Les résultats de l'analyse d'Hoshi avaient déjà été publiés en 2011 dans la revue scientifique Earth and Planetary Science Letters.
La JAXA et l'université d'Ibaraki ont présenté à nouveau leurs travaux
en prévision de la réunion 2012 de la JAMS (Japan Association of
Mineralogical Sciences) qui se tiendra du 19 au 21 septembre à Kyoto.
Les scientifiques japonais espèrent que la découverte d'Hoshi apportera
des indices qui permettront de mieux comprendre le processus de
formation du système solaire.