Les commotions réduisent les habiletés olfactives
Par Benje le mardi, septembre 11 2012, 19:52 - Nouvelles Scientifiques - Lien permanent
Source: Daniel Baril - Université de Montréal
Jusqu'à tout récemment, on croyait que les effets des commotions
cérébrales n'étaient que de courte durée. Mais de plus en plus d'études
montrent que les conséquences négatives de ces accidents sur les
habiletés cognitives peuvent persister plusieurs années après le choc.
C'est ce qui semble être le cas avec l'odorat. Des travaux réalisés au Centre de recherche en neuropsychologie et cognition (CERNEC) du Département de psychologie de l'Université de Montréal révèlent que la perte d'acuité olfactive consécutive à une commotion s'aggrave avec le temps. "L'effet des traumatismes crâniens sur la perte de l'odorat est connu,
mais nous voulions savoir ce qu'il en était des commotions légères et de
leurs répercussions à long terme", précise Johannes Frasnelli, chercheur postdoctoral et chargé de cours au Département de psychologie.
Son équipe voulait plus précisément évaluer si l'intensité de cette perte était proportionnelle au nombre et à la gravité
des commotions cérébrales subies par une personne ainsi qu'au temps
écoulé depuis l'accident. Vingt-deux footballeurs âgés de 19 à 29 ans
ayant reçu un ou des diagnostics de commotion ont participé à l'étude de
même qu'un groupe témoin de 13 athlètes. Trois composantes de l'odorat ont été mesurées: le seuil de perception
d'une odeur, la capacité de discerner deux odeurs différentes et la
capacité de reconnaitre correctement 16 odeurs.
Un effet à long terme
Contrairement aux attentes, les athlètes ayant été victimes de commotions ont dans l'ensemble
obtenu des résultats comparables à ceux qui n'en avaient pas subi, et
ce, quels que soient le nombre et la gravité des commotions. Par contre,
un effet significatif est apparu au sein du premier groupe quant au
délai écoulé depuis le traumatisme: plus ce délai est long, plus la
capacité de reconnaitre les odeurs décline. Cette habileté repose sur un
processus cognitif plus complexe que les deux autres fonctions et son
déclin est particulièrement marqué chez les footballeurs dont la
commotion remontait à plus de 50 semaines.
"Étant donné l'âge de ces athlètes, ils auraient tous dû avoir
d'excellents résultats, mais leur performance se compare à celle d'une
personne de 70 ans, affirme Johannes Frasnelli. Il y a donc une
dégénérescence d'au moins une des fonctions de l'odorat, qui se trouve
ainsi qualitativement affecté, et ce déclin tardif n'est pour l'instant
pas détecté par les tests de diagnostic."
Plusieurs pistes sont proposées pour expliquer cette altération de
l'odorat. "Lors de chocs à la tête, le cerveau se déplace d'avant en
arrière, ce qui peut coincer le nerf
olfactif ou causer des lésions dans les structures neuronales du lobe
frontal, mentionne le chercheur. Il se peut aussi que la fonction de
régénérescence des neurones du système olfactif soit atteinte. Une autre
explication pourrait être que les habiletés motrices liées à
l'inhalation et au reniflement ne soient pas optimales à la suite d'une
commotion."
Cette étude confirme par ailleurs la relation triangulaire entre
commotion cérébrale, odorat et maladie d'Alzheimer. Les commotions à
répétition prédisposent à l'alzheimer et l'altération de l'odorat est
l'un des symptômes les plus précoces de cette affection, comme l'a
montré une autre étude récente du CERNEC.
Ont également participé à cette recherche Vanessa Charland-Verville,
maintenant doctorante à l'Université de Liège, et Maryse Lassonde,
professeure au Département de psychologie de l'UdeM.