Des bactéries intestinales impliquées dans le diabète
Par Benje le vendredi, octobre 5 2012, 23:46 - Nouvelles Scientifiques - Lien permanent
Par Anne Jeanblanc
En plus des facteurs génétiques et environnementaux bien connus, cette maladie aurait aussi une composante infectieuse.
Maladie endocrinienne la plus répandue
au monde, le diabète de type 2, dit aussi diabète "gras" ou "de la
maturité" ne cesse d'étendre ses ravages. En France,
il touche aujourd'hui près de 3 millions de personnes, soit 4,4 % de la
population. 400 nouveaux cas apparaissent chaque jour et, si rien n'est
fait, un Français sur dix sera atteint d'ici à 15 ans. D'où l'intérêt
de toute nouvelle découverte en la matière. Celle que vient de publier
la revue Nature, et qui émane de chercheurs de l'Inra (Institut
national de la recherche agronomique) de Jouy-en-Josas associés à des
équipes chinoises, semble prometteuse. Jusqu'à présent, les
recherches consistant à analyser les marqueurs génétiques sous-jacents
au diabète de type 2 se faisaient principalement par l'utilisation
d'études d'association pangénomique, c'est-à-dire par "l'analyse de
nombreuses variations génétiques dans le génome de beaucoup d'individus
d'une même espèce, afin d'observer leurs corrélations avec des
pathologies", précise l'Inra dans son communiqué. Mais "récemment, des
recherches ont indiqué que le risque de développer un diabète de type 2
pouvait également impliquer des facteurs liés au génome des bactéries
contenues dans notre tube digestif", le "métagénome".
Un protocole expérimental complexe
Pour
bien comprendre ces travaux, il faut savoir que l'étude des bactéries
de l'intestin (les spécialistes parlent du microbiote intestinal) est
devenue un secteur de recherche important en santé humaine. C'est
pourquoi les auteurs de cette publication ont chercher à identifier les
espèces microbiennes qui pouvaient être associées au diabète de type 2.
Ils ont développé un protocole expérimental complexe consistant à
analyser le contenu microbien des selles de 345 patients chinois
souffrant de diabète de type 2 et à le comparer avec celui de personnes
non diabétiques, pour réaliser leur étude d'association méta-génomique. Les
chercheurs ont identifié et validé environ 60 000 gènes marqueurs
associés au diabète de type 2. Et ils ont remarqué "un certain
déséquilibre du microbiote intestinal" des malades et des différences
significatives concernant différentes fonctions microbiennes. "Certaines
bactéries universelles productrices de butyrate (anti-inflammatoire)
sont moins abondantes chez ces patients diabétiques, divers microbes
pathogènes opportunistes sont plus nombreux, et certaines fonctions
microbiennes telles que la réduction de sulfate et la protection contre
le stress oxydant sont amplifiées", expliquent-ils. Selon
l'Inra, ces résultats sont essentiels pour comprendre le rôle du
métagénome intestinal dans le diabète de type 2, mais également dans
d'autres maladies. Ils devraient aussi permettre de développer de
nouvelles approches thérapeutiques, à condition que des études
ultérieures réussissent à caractériser la façon dont le microbiote
intervient dans l'apparition et le développement de cette maladie de
plus en plus fréquente.