Des laboratoires américains ont mis au point des puces à durée de vie limitée une fois implantées dans l'organisme.

«En général, les composants électroniques sont conçus pour être résistants et ne pas s'altérer avec le temps, mais nous recherchons exactement le contraire, explique au Figaro Fiorenzo Omenetto, professeur d'ingénierie biomédicale à la Tufts University, dans le Massachusetts. Les puces électroniques que nous mettons au point sont spécialement conçues pour se désagréger naturellement au bout d'un certain temps

Avec une vingtaine de chercheurs issus d'autres universités américaines, le scientifique italien a prouvé dans la revue américaine Science qu'il était possible d'implanter un petit circuit électronique sous la peau d'une souris, de vérifier son bon fonctionnement avant que celui-ci ne se dissolve tout seul au bout de trois semaines dans l'organisme du rongeur. Les puces testées étaient très simples et servaient juste à délivrer des doses régulières de bactéricide sur des blessures en voie de cicatrisation. «On peut imaginer toutes sortes de capteurs et dispositifs électroniques implantables dans le corps, comme par exemple une puce mise près d'une fracture, qui aide l'os à se ressouder et permet de surveiller la guérison», propose Fiorenzo Omenetto.

Un composant enrobé dans la soie

Les composants électroniques biodégradables sont produits avec de très fins films de silicium, sur lesquels on dépose des couches de métaux bien acceptés par l'organisme, comme du magnésium. «En jouant sur l'épaisseur des métaux, on contrôle la dégradation du dispositif dans le temps», explique le scientifique italien. L'ensemble du circuit électronique est entouré d'une fine couche de polymère produit avec de la soie, dont la composition peut être plus ou moins rapidement biodégradable au contact des fluides corporels. La dégradation de la soie peut se faire presque instantanément ou au bout de plusieurs années.

La production de cette soie très particulière est la spécialité du laboratoire du professeur Omenetto. En dissolvant les cocons de bombyx avec beaucoup de sel, on peut isoler la fibroïne, principale protéine des fils de soie. Il est ensuite possible de réaliser des films transparents, souples et biodégradables, ainsi que des fibres optiques capables de transmettre des données informatiques.

Les scientifiques travaillent déjà sur des composés plus complexes que ceux déjà testés sur les souris et envisagent de s'associer avec des industriels pour des applications commerciales.