Source: BE Espagne numéro 119 (16/10/2012) - Ambassade de France en Espagne / ADIT - http://www.bulletins-electroniques.com/ ... /71226.htm

Une équipe du Centro Nacional d'Investigaciones Oncológicas (CNIO) en Espagne a mené une étude qui permet de prédire la durée de vie des souris. Le travail se base sur un suivi génétique de souris et notamment de la longueur des télomères et du rythme auquel ces derniers se réduisent. Cette approche a mis en évidence que c'est le rythme de réduction qui est un facteur important et qui pourrait être influencé par les modes de vie. Il s'agit donc d'une piste sérieuse pour comprendre les facteurs influençant le vieillissement chez l'espèce humaine.

Les télomères sont au cœur de nombreux travaux de recherche sur le vieillissement, notamment au CNIO. Ce terme désigne la portion finale des brins d'ADN qui composent les chromosomes. Les chercheurs ont découvert que les télomères servent à protéger les brins d'ADN lors de la réplication des cellules. Mais au fil du temps cette protection s'effrite et le matériel génétique se trouve progressivement attaqué conduisant à un dysfonctionnement des cellules et à leur mort, expliquant le phénomène de vieillissement.

Jusqu'à présent les études menées sur les télomères consistaient à constater à un moment donné la longueur des télomères pour évaluer le facteur de vieillissement. L'étude menée par les chercheurs du CNIO a pris un point de vue différent. Ces derniers ont étudié une population de souris pendant trois ans, prélevant des cellules au bout de 4, 8, 12 et 25 mois afin de mesurer la longueur des télomères et pouvoir étudier le rythme de leur réduction et le lien avec le vieillissement et la mort des individus. Pour pouvoir comparer les individus, les conditions de vie des individus ont été strictement encadrées, comme par exemple la quantité de nourriture distribuée à chaque souris.

Leur étude conclue sur le fait que la longueur des télomères à un moment donné n'a pas une grande importance. Ce qui compte le plus, c'est le rythme auquel ces télomères se réduisent. Pour faire simple, un individu avec des télomères relativement court mais qui se réduisent à un rythme lent vieilli moins vite qu'un individu avec des télomères relativement long mais qui se réduisent rapidement. Les souris ont par exemple des télomères beaucoup plus longs que les être humains mais qui ont un rythme de réduction cent fois plus élevé.

Une telle information permet de repenser l'étude du vieillissement et ouvre de nouvelles perspectives. Les chercheurs envisagent notamment d'étudier quels aspects du mode de vie des individus vient augmenter ou abaisser le rythme de réduction des télomères. Ils pensent notamment aux effets des régimes alimentaires, de la consommation de tabac ou encore de la pratique régulière d'exercice physique. Pour les prochaines études les souris seront sans doute de la partie. Une étude semblable sur les être humains serait intéressante mais elle consisterait à suivre des individus de leur naissance à leur décès. Un travail qui durerait une centaine d'année.