Source: BE Espagne numéro 119 (16/10/2012) - Ambassade de France en Espagne / ADIT - http://www.bulletins-electroniques.com/ ... /71222.htm

Des chercheurs du CSIC espagnol ont participé à un travail qui a mis en évidence que des archées dégradent l'urée pour incorporer le carbone et utiliser le nitrate pour produire de l'énergie. Cette découverte s'est faite à partir de l'étude poussée du milieu naturel d'une espèce d'archée: l'océan arctique. Cette découverte confirme le rôle joué par les micro-organismes marins dans les cycles biochimiques de l'océan.

Les archées, des être unicellulaires ne disposant pas d'un noyau (procaryotes), constitue avec les bactéries et les eucaryotes (plantes et animaux) le troisième domaine du vivant. Ces micro-organismes sont souvent familiers des situations extrêmes: sources chaudes, grand fonds marins, arctique. Dans ces situations, ils ont développé des mécanismes physico-chimiques originaux pour parvenir à extraire de l'énergie et proliférer.

Lors d'une expédition scientifique dans le cadre de l'année polaire internationale (2007-2008), des chercheurs ont constaté qu'une espèce d'archée non seulement survivait très bien sous une couche de glace de presque deux mètres d'épaisseur mais que sa population triplait pendant l'hiver avant de se réduire à l'arrivée du printemps. En plus elle parvenait à obtenir cette croissance sans utiliser de CO2 ni aucune matière organique présente dans le milieu.

En étudiant toutes les données métagénomiques et biogéochimiques obtenues pendant la compagne de mesure dans la mer de Beaufort au nord du Canada, les chercheurs ont découvert que ces archées utilisaient l'urée provenant des déchets des autres espèces animales vivant dans le milieu. Par un mécanisme biochimique original, les archées récupèrent de l'urée le carbone pour leur croissance et l'ammonium comme source d'énergie. Ces archées ne sont ainsi pas les premières à être capable de dégrader l'urée, mais les premières à utiliser les produits de cette dégradation comme source d'énergie.

L'originalité de ces processus chimiques confirme que les archées sont des organismes essentiels à prendre en compte pour comprendre les processus biochimiques ayant lieu dans les océans. "Les micro-organismes marins abondants, divers et mal connus sont responsables de la plus grande partie de la respiration et de la moitié de la production primaire de la planète. Dans les plans de conservation des régions polaires, il serait bon de considérer ces micro-organismes en plus des ours polaires et des phoques", conclut Carlos Pedrós-Alió, chercheur à l'Instituto de Ciencias del Mar.