Des chercheurs américains ont étudié l'effet qu'a le manque de sommeil sur les cellules adipeuses contenues dans les tissus qui stockent la graisse. Selon leur étude, ceci réduirait leur sensibilité à l'insuline qui régule le niveau de sucre dans le sang.

Ce n'est plus un secret désormais : dormir suffisamment est un facteur capital pour parvenir à préserver sa ligne. En effet, comme l'ont démontré de nombreuses études, le manque de sommeil favorise la prise de poids et peut même accroitre le risque d'obésité, notamment en augmentant l'appétit. Aujourd'hui, les mécanismes expliquant ce lien restent plutôt flous mais les spécialistes ont leur petite idée. Dans la mesure où l'appétit et la faim sont régulés par des hormones, ils estiment que ce sont ces même substances qui pourraient expliquer la prise de poids en cas de manque de sommeil. Un lien qu'une étude vient tout juste de confirmer.

Publiée dans la revue Annals of Internal Medicine, celle-ci dévoile en effet l'impact que le manque de sommeil a sur les cellules adipeuses, celles qui sont contenues dans les tissus stockant la graisse. Chez les personnes qui ne dorment pas assez, ces cellules montreraient en fait une capacité réduite à répondre à l'insuline, l'hormone qui est fabriquée après que l'on a mangé et qui permet de réguler le niveau de glucose dans le sang. "Exactement comme lorsque vous n'avez pas dormi assez, vous êtes groggy, il s'avère que le manque de sommeil rend aussi vos cellules adipeuses métaboliquement groggy", explique Matthew Brady, professeur associé en médecine à l'université de Chicago. 

Une sensibilité à l'insuline réduite de 30%

Pour arriver à cette conclusion, ce scientifique et ses collègues ont suivi six hommes et une femme qui étaient tous en bonne santé et dont la moyenne d'âge était de 24 ans. Les chercheurs leur ont alors demandé de dormir 4,5 heures par nuit pendant quatre nuits consécutives, puis 8 heures par nuit pendant quatre autres nuits. Pour tous, l'alimentation a été strictement contrôlée durant toute la durée des expériences. Après les quatre nuits et pour chaque expérience, les sujets ont dû réaliser un test intraveineux de tolérance au glucose, qui mesure la sensibilité à l'insuline de tout le corps. Ils se sont également vu prélever des cellules de graisse abdominale pour voir comment celles-ci répondaient à l'hormone.

Les chercheurs ont ainsi pu constater qu'après quatre nuits courtes, la réponse du corps à l'insuline diminuait en moyenne de 16% et celle des cellules de 30%. "Nous avons découvert que les cellules adipeuses ont besoin de sommeil pour fonctionner correctement", explique Matthew Brady. Cité par Science Daily, il poursuit "de nombreuses personnes pensent à la graisse comme à un problème, mais cela sert au fonctionnement vital. La graisse du corps stocke et relargue de l'énergie. En mode stockage, les cellules prélèvent les acides gras et les lipides de la circulation où ils peuvent endommager les autres tissus. Quand les cellules ne peuvent répondre efficacement à l'insuline, ces lipides filtrent à travers la circulation, conduisant à de sérieuses complications".

Soigner des patients obèses en améliorant leur sommeil ?

La perturbation du métabolisme de ces cellules pourrait ainsi favoriser non seulement la prise de poids, mais aussi le diabète et d'autres troubles liés. Néanmoins, cette découverte suscite de nombreuses questions et notamment celle de savoir s'il n'existe pas une certaine forme d'adaptation du métabolisme lorsque le manque de sommeil est régulier. Les chercheurs entendent donc bien poursuivre leurs recherches mais sont optimistes quand aux avancées possibles.

"Et si pouvons priver de sommeil des personnes saines et arrivons à les faire aller mal, peut-on prendre des personnes malades telles que celles qui souffrent d'une combinaison commune d'apnée du sommeil, d'obésité et de diabète, améliorer leur sommeil et les faire aller mieux ?" relève Matthew Brady. Ce scientifique et ses collègues prévoient ainsi d'examiner les effets d'une amélioration du sommeil en durée comme en qualité, sur des patients souffrant d'obésité.