Selon une enquête réalisée par l'Ifop, ils sont toutefois 78% à être inquiets sur le devenir de notre système de santé.
Une baisse déclarée de la fréquentation des spécialistes au profit des médecins généralistes
Les personnes interrogées déclarent consulter leur médecin généraliste en moyenne entre quatre et trois fois par an,
que ce soit pour soi (4.2 fois par an) ou pour une personne de son
foyer (3,3 fois par an). Depuis un an, la fréquence des consultations
pour soi-même s’inscrit à la hausse (4.2 fois par an en 2012 contre 3.5
fois par an en 2011), alors qu’elle baisse sensiblement s’agissant des
consultations effectuées pour d’autres membres du foyer (3.7 fois par an
en 2011 contre 3.3 fois par an en 2012).
Le nombre de consultations annuelles chez un médecin spécialiste est moins élevé que celui pour un médecin généraliste.
Cette fréquence apparait relativement stable s’agissant des visites
pour soi-même mais accuse un recul sensible en un an s’agissant des
visites pour un membre du foyer. Cette baisse peut être décodée comme
une conséquence encore plus marquée qu’en 2011 de la mise en place du
parcours de santé coordonné favorisant la réorientation vers un
spécialiste par un médecin généraliste. L’argument financier dans un
contexte économique extrêmement tendu, où les crispations autour du
pouvoir d’achat sont exacerbées peut également constituer une cause de
raréfaction de ce type de consultations, les Français étant sans doute
extrêmement attentifs à leurs dépenses y compris en matière de santé.
Ainsi, les visites chez un spécialiste sont au nombre de 2.3 par
an pour un usage personnel (2.0 en 2011) et de 1.6 par an pour un autre
membre de son foyer (contre 2.5 en 2011).
Dans plus de 9 cas sur dix (96%), les
dépenses de santé des Français sont liées à une consultation
médicale préalable : de manière systématique pour 40% d’entre eux (+9
points en un an), fréquente pour 47% des interviewés. Dans seulement 4% des cas, les dépenses de santé sont indépendantes d’une consultation médicale.
Dans 87% des cas (85% en 2011), ces dépenses sont effectuées suite à une prescription par ordonnance. Une
minorité (9%) fait des achats santé essentiellement sans ordonnance,
tandis que pour 4% seulement, la majorité des achats concernent de la
parapharmacie.
Alors que l’enquête menée en 2011 mettait en lumière
une connaissance majoritairement déficitaire par les Français de la
somme qu’ils consacrent chaque année à leurs dépenses de santé (78%),
ce déficit progresse encore cette année pour s’établir à 80% (+2
points). Ainsi, seuls 20% des Français sont en mesure d’évaluer les
dépenses annuelles allouées à leur santé.Alors que moins d’un quart d’entre eux ont une idée précise du budget consacré chaque année à la santé, les
Français sont toutefois en mesure d’en apprécier l’évolution dans le
temps. Ainsi, au cours des deux dernières années domine le sentiment
qu’au mieux ces dépenses ont stagné, mais surtout que ce budget a
augmenté.
Les dépenses de santé diverses sont celles pour
lesquelles l’augmentation est la plus ressentie : 46% estiment qu’elles
sont plus élevées que par le passé (52% au sein des habitants de la
région parisienne), 43% qu’elles n’ont pas évolué. Dans des proportions
similaires suivent les dépenses en médicaments dont la hausse est
ressentie par 46% des Français alors que 44% estiment qu’elles sont
restées stables.
L’appréciation de l’évolution du
coût des consultations chez un spécialiste se révèle partagée entre ceux
qui l’estiment en hausse (44%) et ceux qui la jugent stable (44%
également).
Au final, seules les dépenses liées à
une consultation chez un médecin généraliste apparaissent
majoritairement stables (53%, jusqu’à 66% au sein des plus âgés) quand
un tiers soulignent une augmentation.
Un Français sur deux pratique l’automédication. Toutefois, dans ce domaine, le recours au pharmacien se fait plus fréquent.51%
des Français (50% en 2011) affirment acheter régulièrement des
médicaments sans avoir consulté préalablement un professionnel de santé,
dont 11% « souvent » et 40% « de temps en temps ».
Dans
ce contexte, les Français sollicitent toutefois volontiers l’avis et
les conseils du pharmacien pour valider leurs achats en médicaments. 53%
(+3 points par rapport à 2011) font cette démarche, dont 10% (+3
points) qui le font « souvent » et 43% « de temps en temps », tandis que
12% ne le font jamais. Ce recours au pharmacien progresse sensiblement
en un an. Parmi les plus enclins à se faire conseiller, on retrouve les
femmes (60%, 54% en 2011), les jeunes (61%), les employés (66%). Cette
démarche est également plus fréquente en Ile-de- France qu’au sein des
communes rurales (54% contre 45%).
En dehors de la pharmacie, l’engouement des Français pour
l’achat de médicaments en grande surface ou surtout sur Internet tend à
diminuer. 47% des Français déclarent être prêts (dont 21%
« tout à fait prêts ») à acheter certains médicaments en grande surface,
soit un recul de trois points par rapport à 2011. L’achat en ligne de
médicaments reste largement minoritaire, et en recul également sur un an
(-5 points) avec seulement 13% des Français qui se disent séduits par
cette alternative.
A l’instar des constats établis en 2011, les clivages
sur ces questions sont importants. Premier argument avancé par les
personnes intéressées par ce type d’achats, le critère économique pèse
pour beaucoup dans l’attractivité que cette offre peut exercer auprès
des Français (54%, +4 points par rapport à 2011). Ainsi, les catégories
modestes et intermédiaires font montrent d’un intérêt plus élevé que la
moyenne pour ces deux circuits d’achat alternatifs (55% des professions
intermédiaires et des ouvriers sont intéressés par ces achats en grande
surface contre 47% en moyenne ; 17% des ouvriers par les achats sur
Internet contre 13% en moyenne). Les habitants de la région parisienne
sont également plus ouverts à ce type d’achat.
A
l’inverse, les seniors se montrent très frileux à l’égard d’une telle
démarche. Seuls 38% seraient prêts à acheter des médicaments en grande
surface (-9 points par rapport à la moyenne).
Prenant
le pas sur l’aspect économique, la question de la confiance s’affirme
ainsi comme centrale et décisive concernant de tels achats.
Ainsi, l’absence de conseils liés au produit, engendrée par un achat en
grande surface, et surtout sur Internet, constitue l’obstacle majeur à
cette démarche. Ces chiffres viennent ainsi souligner le rôle
prépondérant du pharmacien pour les usagers en matière de médication,
perçu comme garant de leur qualité (33% indiquent en effet préférer
bénéficier des conseils de ce dernier à cette occasion).
Le retour d’une plus grande méfiance des Français à l’égard des médicaments génériques.
Les
résultats de cette nouvelle enquête révèlent en effet que seulement 57%
des Français (contre 62% en 2011) déclarent accepter systématiquement
le médicament générique éventuellement proposé par le pharmacien en
substitution au princeps prescrit par le médecin. Un tiers hésite à
accepter en fonction du médicament (32%, contre 26% en 2011, soit +6
points).Sans se traduire par un rejet systématique de ces
médicaments (seuls 9% les refusent, 8% en 2011), cette moindre
disposition à accepter les médicaments génériques atteste toutefois
d’une confiance qui s’effrite ou de doutes qui s’installent concernant
cette offre.
Concernant ces médicaments, les résultats démontrent qu’ils demeurent attractifs d’un point de vue économique, le prix étant toujours leur principal atout (82%, 81% en 2011). Mais
les Français émettent des jugements plus réservés que l’an passé
s’agissant de l’efficacité perçue des médicaments génériques (72% les jugent efficaces contre 76% en 2011) et surtout de leur qualité par rapport aux princeps, dimension qui recule de 10 points en un an(61%
sont convaincus que ces médicaments sont aussi sûrs que les médicaments
d’origine contre 71% en 2011). Près de 4 Français sur dix (39%) sont
sceptiques sur ce point.
Un devenir du système de santé anxiogène
qui légitime plus que jamais la demande de réforme axée sur deux
dimensions : la garantie de la qualité des soins et les sanctions en cas
de fraude
L’organisation du système de santé hexagonal suscite plus que jamais une forte inquiétude dans l’opinion. 78%
des personnes interrogées se déclarent en effet « inquiets », soit une
progression de deux points depuis l’année dernière qui s’effectue
d’ailleurs sur les « très inquiets » (23% contre 21% en 2011). Le degréd’inquiétude
est bien entendu majoritaire dans toutes les catégories de population
sans différence notable, y compris entre sympathisants de gauche (74%)
et ceux de droite (76%).
Intervenant toutefois comme élément de réassurance dans ce tableau anxiogène, près
de neuf interviewés sur dix (88% dont 32% de « tout à fait d’accord »)
considèrent que le système de santé français est de bien meilleure
qualité que celui des autres pays, une représentation en hausse de 3
points depuis l’enquête précédente.
Pour autant, une part quasi équivalente de répondants (82%, +3 points depuis 2011) estime que sa qualité s’est dégradée (35% de « tout à fait d’accord »).
De là découlent des attentes fortes assignées au système de soin et de
santé hexagonal. D’abord, la nécessité et l’urgence de sa réforme
apparait évident à 83% des personnes interrogées, soit une progression
de 7 points en un an. En outre, se fait jour une demande de
pérennisation de cette réforme, celle devant pour 90% des interviewés
permettre d’assurer durablement l’équilibre financier du système de
santé en France. Néanmoins, il convient de noter qu’au-delà du consensus
autour du financement pérenne du système de soins, une nette majorité
de répondants (62%) qui plus est en hausse par rapport à la précédente
enquête (+5 points) affirme qu’un autre système de soin est possible.
Les
répondants considérant qu’un autre système de financement de soins est
possible affichent clairement leur préférence quant aux acteurs de la
santé susceptibles d’apporter une contribution supplémentaire : 61% des
personnes interrogées souhaitent un effort de la part de l’industrie
pharmaceutique, une attente toutefois en recul de 11 points
comparé à l’enquête 2011. Plus d’une personne sur cinq appelle de ses
vœux une prise en charge des frais de santé plus soutenue de la part des
mutuelles. Sur ce point effectivement on constate que les mutuelles
sont sollicitées, 77% (76% en 2011, jusqu’à 85% chez les plus jeunes et
86% chez les employés) souhaitant de leur part une prise en charge des
médicaments non remboursés, et une proportion équivalente (stable par
rapport à 2011 également) le remboursement d’actions de prévention
telles que les consultations diététiques ou d’infirmières, les contrôles
des constantes, les dépistages…
Enfin, la poursuite de la
politique de déremboursement des médicaments initiée depuis quelques
années rencontre un soutien très minoritaire (9%).
Les attentes prioritaires assignées à toute réforme de l’Assurance Maladie se cristallisent sur la notion de qualité de soin
que ce soit la garantie de ce principe sans pour autant nuire au
principe de solidarité (40% de citations) ou que la qualité des soins
seule ne pâtisse pas de cette réforme (25%). A un niveau de mentions
plus faible mais non négligeable, la demande d’une meilleure
coordination entre les professionnels de santé autour du patient
recueille l’assentiment de plus d’un répondant sur 5. Cette hiérarchie
ne varie guère selon les catégories de population tout juste relève-t-on
que l’attachement à la fois au maintien de la qualité de soin et au
principe de solidarité s’avère plus profond chez les sympathisants de
gauche (55%), alors que les sympathisants de droite pointent d’abord la
notion de coordination entre professionnels de santé.
Au-delà des principes présidant à une prochaine réforme de l’Assurance Maladie, s’agissant des moyens, une
majorité de personnes interrogées (56%) souhaite le développement de
sanctions en cas de fraude de la part des patients, une attente
émergeant en tête dans tous les segments de population et notamment à
droite. On retrouve cette forte demande de contrôle à l’échelle des établissements et des professionnels de santé :
46% appellent de leurs vœux une meilleure surveillance des coûts de
gestion des établissements de santé (34% pour ce qui concerne le
contrôle des prescriptions médicales). Cette attente associée aux
établissements de santé émerge à égalité avec la nécessaire
sensibilisation du grand public au gaspillage, exprimée par une part
importante des répondants 47% alors même que de nombreuses campagne de
communication ont été conduites sur ce thème au cours des dernières
années. Néanmoins, on peut dire plus globalement que ces campagnes
centrées autour du médicament ont recélé un potentiel informatif,
l’attente d’un développement de l’information pour améliorer le rapport
des Français aux médicaments se classant en dernière position.
Méthodologie
: Enquête réalisée du 18 au 21 septembre 2012 auprès d'un échantillon
de 1009 personnes, représentatif de la population française âgée de 18
ans et plus. La représentativité de l’échantillon a été assurée
par la méthode des quotas (sexe, âge, profession du chef de famille)
après stratification par région et catégorie d’agglomération. Les
interviews ont eu lieu par questionnaire auto-administré en ligne (CAWI -
Computer Assisted Web Interviewing).