Le paradoxe, selon un nouveau baromètre, c'est qu'ils se sentent plutôt bien.

La santé des Français est paradoxale: nous avons à la fois une des plus longues espérances de vie au monde - pour les femmes en tout cas, rattrapées peu à peu par les hommes. Mais aussi une mortalité prématurée, c'est-à-dire avant 65 ans qui reste préoccupante. Le premier Baromètre de la santé des Français d'Axa Prévention, présenté ce matin dans Le Figaro, permet d'observer qu'une frange importante de la population continue à avoir des comportements à risque.

Il est pourtant sans doute possible de réduire cette mortalité prématurée en corrigeant certains facteurs. L'enquête publiée aujourd'hui portant sur 1 016 personnes représentatives, longuement interrogées du 25 septembre au 1er octobre derniers, dévoile en tout cas les points sur lesquels des actions de prévention doivent être menées. Un autre sondage portant sur la santé des fonctionnaires, publié la semaine dernière, montre finalement beaucoup de similitudes et quelques différences entre les deux catégories.

Une chose est sûre : nos concitoyens savent exactement comment se comporter pour être en bonne santé et le rester. Pour 90 % d'entre eux, quelques règles simples sont à observer pour ne pas avoir certains ennuis de santé: ne pas fumer, avoir un sommeil réparateur, un bien-être psychologique, une alimentation équilibrée et une activité physique hebdomadaire. Ils oublient cependant de mentionner l'alcool.

Les personnes interrogées sont 88% à se déclarer en bonne santé. Mais sans vouloir altérer leur euphorie, les sondeurs ont voulu en savoir plus: en se basant sur cinq indicateurs (poids normal, qualité de sommeil correcte, absence de stress, de dépression et de maladie grave ou chronique), ils estiment que seuls 27% sont vraiment en pleine forme, et répondent positivement à ces cinq critères de bonne santé.

Le stress des retraités

Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), la santé est «un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d'infirmité». Il faut noter que 33 % des personnes interrogées sont en surpoids, 14 % obèses, quand 49 % affichent un poids normal. Les hommes sont davantage touchés par l'excès de poids. Par ailleurs, 41 % se déclarent stressés (de manière étonnante, les retraités sont les plus stressés en particulier suite à l'arrêt de leur activité professionnelle alors que les ouvriers affichent le plus bas niveau).

À noter que 37 % se plaignent d'une mauvaise qualité de sommeil (insomnie, difficultés d'endormissement, réveils nocturnes…). Plus douloureux encore, 27 % des Français souffriraient de dépression. Ils ne sont que 12 % à le reconnaître lorsqu'on leur pose directement la question ; mais quand on les soumet à un test d'autoévaluation de la dépression, 27 % présentent des signes très évocateurs. Voilà quelques questions de ce test: «Au cours des deux dernières semaines vous êtes-vous senti (e) triste, cafardeux (se), déprimé (e), la plupart du temps au cours de la journée et ce presque tous les jours? Au cours des deux dernières semaines, vous êtes-vous senti (e) presque tout le temps fatigué (e), sans énergie? Au cours des deux dernières semaines, avez-vous presque tout le temps le sentiment de n'avoir plus goût à rien, d'avoir perdu l'intérêt ou le plaisir pour les choses qui vous plaisaient habituellement? Votre appétit a-t-il notablement changé ou avez-vous perdu ou pris du poids sans en avoir l'intention? Avez-vous eu à plusieurs reprises des idées noires comme penser qu'il vaudrait mieux que vous soyez mort (e) ou avez-vous pensé à vous faire du mal ou au suicide?»

Cette enquête nous rappelle aussi que 38 % des Français ont une consommation d'alcool jugée à risque, en particulier les plus de 65 ans (56 %) et les jeunes (38 %). À noter que les femmes de moins de 30 ans sont nombreuses à avoir un problème d'alcool. Pourtant, nos concitoyens sont très raisonnables: 86 % pensent que ne pas consommer d'alcool ou modérément contribue fortement à préserver la santé. De même pour le tabac: 26 % des Français fument, les 25-45 ans étant les plus gros consommateurs. Après 65 ans, la pratique devient marginale (8 %). Une fois de plus, les ouvriers sont les plus concernés par l'addiction au tabac (43 %). Pourtant, les Français savent bien que ne pas fumer est un facteur essentiel à la santé.

On peut encore citer l'exercice physique: 91 % en reconnaissent l'importance, mais seulement 18 % le pratiquent. Une activité physique régulière (cinq jours par semaine pendant 30 minutes), réduit le risque de cancer, de maladies cardio-vasculaires, de diabète…

Pourquoi les Français, si bons en théorie sur les questions de santé, ont des pratiques qui laissent à désirer? C'est tout l'enjeu des campagnes de santé publique à venir.

Les fonctionnaires sont beaucoup plus raisonnables

La Mutualité Fonction Publique Services a mené en 2011 une enquête auprès des agents de la fonction publique. Les résultats partiels sur 1 199 personnes, rendus publics la semaine dernière, mettent en évidence de vraies différences de comportement avec la population générale. Avec un point commun: 87,2 % des fonctionnaires sont satisfaits de leur état de santé. Ainsi, une grande majorité juge son alimentation équilibrée. Mais surtout, 42,9 % n'ont jamais fumé et 11,2 % sont des fumeurs habituels (26 % pour la population générale). 10 % reconnaissent avoir une consommation excessive d'alcool, contre 38 % dans l'enquête générale… À noter cependant que les questions étaient posées différemment.