Une étude semble prouver que nous sommes "fabriqués" pour être optimistes, et que c'est pour notre bien.

"Si je ne m'attends à rien, je ne serai pas déçue", comme l'écrivait la romancière Susan Sontag dans son journal intime. Pour nombre d'entre nous, cette philosophie de vie serait la recette du bonheur. "Si nous ne sommes jamais déçu quand les choses tournent mal et que nous sommes plaisamment surpris quand les événements tournent au mieux, nous serons heureux… C'est une bonne théorie – mais c'est faux" explique sans détour la neuroscientifique Tali Sharot dans son livre "The Science of Optimism" [La Science de l'Optimisme, ndlt] publié par TED. Dans cet opus très court qui résume ses différentes recherches sur le "parti-pris optimiste" la scientifique montre que notre cerveau crée des images positives et nous leurre… pour notre bien !

"Si la plupart d’entre nous voit le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide, ce n’est pas un hasard" explique ainsi le magazine "L'Intelligence". L’optimisme est lié au bien-être physique et mental.  "L'espoir maintient notre esprit aiguisé, diminue le stress, et améliore la santé" précise Talia Sharot, citée dans un article de The Atlantic. D’après une étude réalisée par Robert Gramling, du Centre médical de l’Université de Rochester (États-Unis), l'optimisme est ainsi bon… pour le cœur. Le chercheur a ainsi suivi pendant 15 ans près de 3 000 personnes âgées de 35 à 75 ans sans antécédents cardiaques. Il a montré que les hommes qui pensent être au-dessous du risque moyen d’avoir une maladie cardiovasculaire – des optimistes donc - ont trois fois moins de risques de mourir d’une attaque cardiaque que les autres.

Les humains ont d'ailleurs globalement tendance à être beaucoup moins rationnels qu'ils ne le pensent. "On s'attend généralement à ce que les choses se passent mieux que la manière dont elles ont débuté. Les gens ont tendance à largement sous-estimer les probabilités de divorcer, ou de perdre leur emploi" explique le magazine Time dans son édition du 6 juin 2011 consacré à l'optimisme. Ainsi dans une étude réalisée par deux chercheurs de l'Ohio – citée par Tali Sharot dans son opus – 93% des sondés aux États-Unis pensent être des conducteurs au-dessus de la moyenne ! La plupart serait même prêt à parier qu'ils le sont. Or il est mathématiquement impossible que 93% des gens soient meilleurs que 50% de la population…

Mais alors : d'où vient cet optimisme ? Tali Sharot nous explique que l'optimisme provient d'un mécanisme cérébral. "Une étude que j'ai conduite il y a quelques années avec l'éminente neuroscientifique Elizabeth Phelps a démontré que se projeter dans l'avenir de façon positive est un résultat direct de la communication entre le cortex frontal et les régions sous-corticales de notre cerveau. Le cortex frontal, une zone large située derrière le front, est la partie de notre cerveau qui a évolué le plus récemment. Elle est plus large chez les humains que chez les autres primates et est d'une importance critique pour de nombreuses fonctions complexes comme le langage ou la fixation d'objectifs". L'optimisme serait donc une évolution récente de l'être humain.

Nous ne sommes cependant pas tous égaux face à l'optimisme. En particulier en fonction de notre âge. Les recherches d'Andrew Oswald, un économiste comportementaliste, ont montré – après avoir étudié un demi-million de personnes dans 72 pays – que le bonheur diminue quand on passe de l'adolescence à l'âge adulte, avant de grandir à nouveau à l'automne de notre vie. Donc soyons optimistes : plus on vieillit, et plus les choses s'arrangent.