La protéine origine de la maladie de Huntington des tumeurs mammaires
Par Benje le jeudi, janvier 17 2013, 09:16 - Nouvelles Scientifiques - Lien permanent
Source: CNRS
Connue pour être responsable de la maladie de Huntington, une maladie
neurodégénérative, la protéine huntingtine mutée est également impliquée
dans la progression et l'agressivité des tumeurs mammaires. C'est le
résultat des études menées par l'équipe de Sandrine Humbert (1), directrice de recherche Inserm à l'Institut Curie, et publiées le 9 janvier 2013 dans le journal EMBO Molecular Medicine. Au niveau cellulaire, la protéine huntingtine mutée empêche le bon fonctionnement du récepteur de type HER2 (2) dont la surexpression conduit à une multiplication des cellules tumorales et à une survenue plus fréquente des métastases.
L'équipe de Sandrine Humbert montre pour la première fois que la
protéine huntingtine est exprimée dans le tissu mammaire sain ainsi que
dans les tumeurs mammaires. "De plus nous révélons que l'expression de
la huntingtine mutante dans les tumeurs mammaires rend la tumeur plus
agressive, en particulier parce que celle-ci développe davantage de
métastases" explique Sandrine Humbert. Cette particularité tire son
origine du lien existant entre la protéine huntingtine et le récepteur
HER2. Placées à la surface
de la cellule, les protéines HER2 agissent comme des "interrupteurs" et
maintiennent l'équilibre entre multiplication, division et réparation
cellulaires. À l'inverse, dans certaines cellules tumorales, ces
"interrupteurs" sont en nombre
trop important avec pour conséquence une multiplication anarchique des
cellules, ce qui joue un rôle capital sur le pronostic et le traitement
de la maladie.
"Notre travail établit que la protéine huntingtine mutante interfère
avec le bon fonctionnement du récepteur HER2, provoquant ainsi son
accumulation au niveau de la membrane. Cette accumulation active des
voies de signalisation induisant des métastases", précise Sandrine
Humbert.
Pour arriver à cette conclusion, l'équipe de chercheurs, en
collaboration avec des médecins de l'Institut Curie et de l'Hôpital de
la Pitié-Salpêtrière, a travaillé à la fois sur des modèles de souris
combinant l'affection neurodégénérative et un cancer du sein, et sur des
cellules. L'approche cellulaire a permis de montrer l'effet de la
huntingtine sur la sévérité du cancer en induisant une suractivation de
la voie de signalisation HER2. La protéine huntingtine mutante perturbe
la fonction d'une autre protéine, la dynamine, ce qui conduit à une
accumulation du récepteur HER2 à la surface de la cellule.
Notes: (1) Sandrine Humbert est chef de l'équipe "Huntingtine, neurogenèse et
cancer" dans l'unité Signalisation, neurobiologie et cancer Institut
Curie/CNRS/Inserm
(2) Récepteur humain au facteur de transcription EGF (Human Epidermal Growth Factor Receptor-2)
Référence: The Huntington disease protein accelerates breast tumor development and metastasis through ErbB2/HER2 signaling.
C. Moreira Sousaet al. EMBO Molecular Medicine, 9 janvier 2013