Acheter ses légumes auprès du producteur peut favoriser une meilleure alimentation. C'est ce qui ressort de l'étude "Mangez frais, mangez près", menée par Équiterre et à laquelle a contribué Extenso, le Centre de référence sur la nutrition de l'Université de Montréal.

Cette étude a permis d'interroger, pour son volet sur les saines habitudes de vie, des Québécois usagers et non usagers de modes de distribution de fruits et légumes en circuits courts, soit des achats au marché public, à la ferme, en formule de paniers de légumes ou par des marchés virtuels. "Ces modes de distribution peuvent bonifier notre alimentation. Les gens ayant recours à ces formes de mise en marché ainsi que ceux les ayant abandonnées ou ne les ayant jamais retenues nous ont révélé leurs motivations et barrières dans des groupes de discussion et par sondage", rapporte Marie Marquis.

Professeure au Département de nutrition de l'UdeM et spécialiste des comportements alimentaires, Mme Marquis a dirigé ce volet de la recherche et synthétisé les données avec la nutritionniste d'Extenso Julie Aubé. "Les consommateurs semblent de plus en plus exigeants quant à ce qu'ils se mettent sous la dent, note la professeure. La fraicheur des aliments, le gout, la découverte, la santé, l'ambiance des lieux d'achat, le souci de l'environnement, le plaisir des relations humaines avec les producteurs et le désir de les soutenir sur le plan économique sont autant de dimensions rapportées. Paradoxalement, il n'y a pas toujours suffisamment de légumes colorés dans leur assiette. Des barrières sont donc présentes à l'achat mais aussi au moment de la consommation."

L'enquête, financée par Québec en forme, révèle que les consommateurs ont besoin d'outils pour apprendre à gérer sans gaspiller l'abondance de produits frais, gérer la nouveauté des produits et enfin s'organiser afin de planifier ces achats et rendre possible la transformation de ces aliments à la maison. "Les circuits courts permettent aux consommateurs d'accéder à une grande variété de légumes, ce qui est positif à condition de les consommer. Le manque d'idées pour cuisiner tous les légumes reçus dans le panier est un frein cité par plusieurs", précise Mme Marquis.

Au gout du jour

Les consommateurs se préoccupent de leur santé et s'interrogent sur la présence de résidus de pesticides. Certains s'intéressent aux produits biologiques et d'autres sont sensibles au discours de "l'achat local". C'est entre autres pour ces raisons que sont fréquentés les fruiteries et les marchés publics, peut-on lire dans le communiqué publié par Équiterre et accessible sur Internet. De leur côté, les producteurs maraichers recherchent et apprécient le contact direct avec les consommateurs, ce qui rend unique l'expérience en circuit court. "Ils peuvent exercer une influence importante pour outiller les consommateurs et devenir des agents d'éducation alimentaire abordant à la fois la culture, la transformation de ces produits et leur entreposage pour éviter le gaspillage", affirme Marie Marquis.

À son avis, les Québécois sont prêts à apporter des changements à leurs habitudes alimentaires. Le rapport souligne le rôle des circuits courts en termes d'accessibilité à des légumes en quantité et en variété. Il réitère également la pertinence des stratégies d'éducation alimentaire des consommateurs.