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Des chercheurs ont découvert comment le petit coléoptère réussissait à se déplacer en ligne droite, lors de nuits sans lune. Explications.

On savait le scarabée bousier fort comme Hercule, capable de déplacer des boules d'excréments mille fois plus lourdes que lui, pour aller s'en délecter à l'abri des pique-assiette. À présent, il s'avère être un insecte - au moins le premier - officiellement capable de se diriger grâce à l'observation des astres, comme le font les hommes, les phoques ou certains oiseaux. Depuis des années, les trajectoires rectilignes empruntées par ces petits coléoptères coprophages, fuyant les bouses, en marche arrière, après s'être emparés de leur odorant butin, intriguaient sérieusement les scientifiques. Comment pouvaient-ils choisir, si précisément, le chemin le plus court d'un point A à un point B, y compris par une nuit sans lune ? Une équipe de chercheurs, emmenée par la biologiste suédoise Marie Dacke de l'université de Lund, pense désormais détenir la réponse. En l'absence du Soleil et de la Lune, l'insecte se dirigerait grâce... à la Voie lactée.

L'idée a émergé après avoir constaté qu'en Afrique du Sud ces animaux étaient régulièrement désorientés en octobre, période où la Voie lactée, proche de l'horizon dans le ciel austral, échappait à leur vue. Pour vérifier cette intuition, les chercheurs, qui publient leurs résultats dans la revue spécialisée Current Biology, ont procédé à une série d'expériences. En plein air, ils ont placé des scarabées bousiers, boule puante entre les pattes, au centre d'une arène circulaire avant de mesurer leur performance, chronomètre en main, dans différentes situations. Résultats : par une nuit de pleine lune, il leur fallait en moyenne 21 secondes pour rejoindre le mur d'enceinte ; par une nuit sans lune, ils mettaient 40 secondes ; sans lune et sans étoiles, leur score chutait à 117 secondes ; avec un chapeau sur la tête les empêchant de regarder le ciel, leur performance était à peine plus faible, à 125 secondes. Il semblait ainsi évident que la présence d'étoiles lors de nuits sans lune améliorait considérablement la capacité des scarabées à s'orienter. Mais comment ?

Un GPS unique au monde !

Pour tenter de mieux saisir les données utilisées par l'animal, le même protocole a ensuite été reproduit dans l'enceinte d'un planétarium permettant d'afficher fidèlement la Voie lactée, de ne représenter que grossièrement le halo lumineux qu'elle émet ou bien encore d'illuminer seulement la vingtaine d'étoiles les plus brillantes du ciel. Verdict : l'affichage de la Voie lactée ou même simplement de sa forme générale sur la voûte du bâtiment permettait aux bousiers de se déplacer sans hésitation, tandis que la présence des seules étoiles les plus brillantes les laissait parfaitement désorientés. Ça ne serait donc pas les étoiles qui serviraient de GPS au coléoptère, mais bien la bande de lumière dessinée par notre galaxie. En pratique, pour tracer sa route, la bestiole s'appliquerait à garder un angle constant entre son propre corps et cette source de lumière. Décidément pas si bête...