Auteur de l'article: Cédric DEPOND

Les réserves des nappes phréatiques fournissent entre 25 et 40% de notre eau potable mais elles ne sont pas inépuisables. Le désormais surnommé "Or bleu" manque encore à près de 20% de la population (1,2 milliard de personnes), c'est pourquoi la recherche de sources d'eau douce est permanente en hydrologie. Les chercheurs tentent des approches diverses et variées depuis des années. Voici une nouvelle tentative innovante en cours d'expérimentation: la conception d'un matériau alliant du coton et un polymère hydrophile afin de récupérer l'eau du brouillard.

Récolter l'eau de la brume n'est pas une idée récente: en 1990 Alain Gioda, hydrologue à l'IRD (Institut de recherche pour le développement), avait déjà soumis cette idée qui a depuis été exploitée en utilisant par exemple des filets permettant aux gouttelettes de se condenser et de tomber dans des gouttières. Son utilisation, appliquée dans plusieurs pays, permet de récolter 30 litres d'eau par m2 de filet, mais présente le problème d'être très dépendante du vent: le système n'est donc pas utilisable dans toutes les régions.

C'est pourquoi une équipe de chercheurs d'Eindhoven, associée à une équipe de Hong Kong, vient de développer un matériau pouvant être hydrophile ou hydrophobe en fonction de la température. Les résultats, publiés dans la revue Advance Materials, sont encourageants puisqu'en appliquant sur le tissu de coton un polymère, le poly(N-isopropylacrylamide) appelé également PNIPAAm, sa capacité d'absorption augmente considérablement. En temps normal il est capable d'absorber l'équivalent de 18% de son poids, mais ce pourcentage s'envole à 340% grâce au polymère.

Autre avantage très intéressant de ce matériau: il libère toute l'eau qu'il a absorbée lorsque la température augmente, jusqu'à devenir totalement hydrophobe lorsque la température atteint 34°C: l'eau ne peut alors plus être absorbée car sa structure forme une couche complètement fermée. De plus, ce coton fonctionne indépendamment du vent et présente la particularité de pouvoir être mis en place directement aux endroits choisis, comme sur un sol cultivé par exemple. Les chercheurs souhaitent poursuivre leurs tests pour parvenir à augmenter la capacité d'absorption de ce coton.

Pour plus d'information voir la publication: http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1 ... 8/abstract - Voir aussi une présentation animée: http://onlinelibrary.wiley.com/store/10 ... 2453173fb7

Référence: "Temperature-Triggered Collection and Release of Water from Fogs by a Sponge-Like Cotton Fabric", Helen Yang, Haijin Zhu, Marco M. R. M. Hendrix, Niek J. H. G. M. Lousberg, Gijsbertus de With, A. Catarina C. Esteves, John H. Xin, Advanced Materials, 9 janvier 2013, DOI: 10.1002/adma.201204278.