Émeline Ferard

Une nouvelle étude pourrait expliquer pourquoi certaines personnes rechignent à sortir de leur canapé. D'après des travaux menés sur des rats, elles pourraient simplement être génétiquement prédisposées à la paresse.

Vous avez du mal à vous motiver pour aller faire un peu de sport ? Vous avez l'impression que votre canapé ne cesse de vous tendre les bras ? Maintenant, vous avez peut-être une bonne excuse à fournir à ceux qui tentent de vous extirper de votre paresse. En effet, d'après une nouvelle étude publiée dans la revue American Journal of Physiology, vos gènes pourraient être responsable de ce comportement. Autrement dit, vous seriez génétiquement prédisposé à être plutôt paresseux.

Pour en arriver à cette conclusion, les chercheurs américains, auteurs de l'étude, ont mené une expérience sur une cinquantaine de rats. Pendant six jours, ils ont placé les rongeurs dans des cages comportant des roues, destinées à leur faire faire un peu d'exercice. Ils ont alors observé à quelle fréquence et pendant combien de temps chaque rat utilisait sa roue. Puis ils ont regroupé d'un côté, tous les rongeurs qui paraissaient plutôt "sportifs" et de l'autre, tous ceux qui avaient davantage rechigné à galoper sur leur roue.

Les rats divisés, les chercheurs les ont alors fait se reproduire en respectant scrupuleusement les groupes "sportifs" et "paresseux". Au total, ils ont ainsi donné naissance à 10 générations aboutissant à plusieurs lignées : la plus active avait une tendance à courir dix fois plus importante que la plus paresseuse des lignées.

36 gènes potentiellement impliqués dans la paresse 

Pour expliquer cette différence, l'équipe a comparé les caractéristiques physiques des groupes de rats, leur profil ADN ainsi que leurs cellules musculaires et plus précisément, le taux de mitochondries qui s'y trouvaient. Ce sont ces structures qui fabriquent l’énergie dans les cellules.

"Tandis que nous avons trouvé des différences mineures dans la composition du corps et les taux de mitochondries dans les cellules musculaires des rats, la chose la plus importante que nous ayons identifiée est la différence génétique entre les deux lignées de rats", explique dans un communiqué Michael Roberts, principal auteur de l'étude et post-doctorant au University of Missouri's College of Veterinary Medicine.

Mais ce chercheur et ses collègues ne se sont pas arrêtés là : "parmi plus de 17.000 gènes différents dans une partie du cerveau, nous avons identifié 36 gènes qui pourraient jouer un rôle dans la prédisposition à la motivation pour l'activité physique", ajoute Michael Roberts, cité par LiveScience. Ceci ouvre ainsi la possibilité que les scientifiques étudient chaque gène afin de constater lequel (ou lesquels) joue(nt) réellement un rôle dans la prédisposition à la paresse.

Une piste pour lutter contre l'obésité ?

Néanmoins, ce n'est pas la première fois que les scientifiques évoquent l'existence possible d'un gène de la paresse. En 2011, des études avaient déjà permis de mettre en évidence deux gènes qui, s'ils étaient "éteints", transformaient les rongeurs actifs en véritables mollassons. Les deux gènes en question jouent un rôle dans la transformation par les muscles des sucres en énergie.

"Les souris aiment courir. Alors que les souris normales pouvaient courir des kilomètres, celles privées de gènes dans leurs muscles, ne pouvaient courir que jusqu'au bout du couloir et revenir. C'était remarquable", avait indiqué l'an dernier Gregory Steinberg de la McMaster University. Mais avec leur nouvelle recherche, Michael Roberts sont repartis de zéro et sont également arrivés à la conclusion que les gènes pouvaient jouer un rôle dans le comportement paresseux. Reste maintenant à savoir si ceci est également valable chez l'humain.

Si tel est le cas, les chercheurs ont expliqué que cela pourrait aider à identifier certains causes de l'obésité et du surpoids important, en particulier chez les adolescents. "Ce serait très utile de savoir si une personne est génétiquement prédisposée à montrer un manque de motivation à l'exercice, parce que cela pourrait potentiellement la rendre plus susceptible de devenir obèse", a commenté Frank Booth qui a participé à la nouvelle étude.