Le Centre Européen de la Consommation (CEC) vient de publier une étude sur les pratiques dites d’obsolescence programmée, dont la finalité consiste pour rappel à prévoir à l’avance la durée de vie du bien, afin qu’il soit remplacé plus fréquemment par les consommateurs. L'organisation soutient au passage de manière très appuyée une proposition de loi déposée le mois dernier par le sénateur écologiste Jean-Vincent Placé.

À partir notamment d’un mémoire réalisé par une étudiante de l’université Montpellier 1 ainsi que de différents articles et reportages déjà parus sur le Web, le CEC met en avant quatre types d’obsolescence programmée, à commencer par l’obsolescence technologique. Celle-ci se caractérise de quatre manières :

  • L’obsolescence par défaut fonctionnel. Concrètement, les producteurs font ici en sorte que si une seule et unique pièce de l’appareil tombe en panne, l’appareil entier cesse de fonctionner. Cela concerne notamment les téléviseurs, les téléphones portables ou bien encore les ordinateurs.
  • L’obsolescence par incompatibilité. Cette technique consiste à rendre inutile un produit tel qu’un logiciel, dès lors que celui-ci ne devient plus compatible avec des versions ultérieures ou avec celles d’un concurrent.
  • L’obsolescence indirecte. Sont ici visées les techniques visant à rendre obsolète un produit au travers des produits associés indispensables à son fonctionnement. Ce n’est pas l’appareil en lui même qui ne peut plus fonctionner ou qui est impossible à réparer, mais des accessoires tels qu’un chargeur ou une batterie (qui ne serait par exemple plus commercialisée).
  • L’obsolescence par notification. Le CEC estime qu’il s’agit « d’une forme plutôt évoluée d’auto-péremption », consistant à programmer un produit afin qu’il demande à l’utilisateur de le réparer ou de le remplacer, en partie ou partiellement. Les imprimantes et leurs cartouches d’encre sont particulièrement touchées par ce type d’obsolescence selon l’organisation.

Vient ensuite l’obsolescence par péremption, qui concerne uniquement des produits alimentaires, puis l’obsolescence esthétique. Il s’agit ici d’une obsolescence subjective, dans la mesure où celle-ci joue sur la psychologie des consommateurs. « La particularité de cette forme d’obsolescence programmée est qu’elle intervient avant la mort du produit, avant sa panne. Le produit est jeté alors qu’il est encore fonctionnel » écrit le CEC.

 Quatrième et dernière catégorie d’obsolescence programmée : l’obsolescence écologique. Celle-ci vise le remplacement de produits fonctionnant toujours par de nouveaux biens, jugés plus respectueux de l’environnement. C’est par exemple le cas lorsqu’on jette une ampoule à incandescence en état de marche pour lui substituer une ampoule basse consommation.

Le CEC pousse pour une meilleure information des consommateurs

Brandissant les conséquences néfastes de l’ensemble de ces pratiques sur l’environnement (surconsommation de ressources, pollution, etc.) mais aussi sur la société (exploitation de main d’œuvre bon marché), le CEC formule différentes recommandations. L’organisation insiste sur le fait qu’il « devient urgent que les consommateurs deviennent de véritables "consomm’acteurs" responsables et formés pour se retrouver dans la jungle des produits et de leurs caractéristiques ». Elle demande à ce que, pour chaque appareil acheté, le consommateur puisse connaître :

  • La durée de vie de l’appareil (comme par exemple le nombre approximatif de cycles de charge, de lavages, de pages imprimées, de kilomètre parcourus, etc.).
  • La « réparabilité » de l’appareil ainsi que la durée de disponibilité des pièces détachées et des accessoires.
  • La « note environnementale » du produit, calculée à partir de différents indicateurs : CO2 émis lors des principales étapes du cycle de vie du produit, quantité de matières non renouvelables (or, argent et étain) dans la composition du produit, emploi de matériau recyclés...
  • Comment recycler un ancien appareil, comme le font aujourd’hui certains sites Internet indiquant quels sont les points de collecte proche d'une adresse.

Cette étude du CEC n'arrive pas complètement par hasard. Le sénateur écologiste Jean-Vincent Placé a en effet récemment déposé une proposition de loi qui punirait les pratiques d’obsolescence programmée de deux ans de prison et de 37 500 euros d’amende. L'organisation explique qu'elle s'associe aux propositions de l'élu et y fait plusieurs références. Pour rappel, le parlementaire souhaite également jouer sur les périodes de conformité afin de faire plier les constructeurs (pour en savoir plus, voir notre article).