Le premier élément de traitement est le renforcement des muscles par rééducation.

«Près de la moitié des femmes qui souffrent d'incontinence urinaire ne cherchent pas d'avis médical, alors qu'il existe de nombreuses solutions simples», souligne le Pr François Haab, chef du service urologie de l'hôpital Tenon, à Paris. Gêne, sentiment de fatalité et efficacité des protections viennent s'ajouter à la méconnaissance des traitements et à la peur de la chirurgie pour faire reculer les patientes. Les femmes sont en effet les premières visées puisque 25 % d'entre elles sont touchées, principalement après la ménopause, alors que seuls 10 % des hommes sont concernés. L'incontinence urinaire est définie comme une fuite involontaire d'urine dont se plaint la patiente: le traitement vise à réduire cette gêne à un niveau satisfaisant pour elle.

Lors de la première consultation, le médecin s'attachera à identifier l'origine de l'incontinence, le plus souvent grâce à un questionnaire et un examen clinique simple lorsque aucun élément ne permet de soupçonner une pathologie associée. «Il peut être intéressant d'avoir établi un catalogue mictionnel avant même cette première consultation», souligne le Dr Loïc Le Normand, urologue au CHU de Nantes et responsable du comité d'urologie et périnéologie de la femme au sein de l'Association française d'urologie.

L'incontinence d'effort est la plus fréquente, elle apparaît lorsque les moyens de retenue de l'urine sont affaiblis, au niveau du sphincter du col de la vessie et/ou des muscles du périnée. Les efforts répétés sur ces éléments expliquent l'incontinence: accouchement, constipation, obésité, vieillissement naturel des tissus, pression des muscles abdominaux. «Le premier élément de traitement est donc le renforcement des muscles par la rééducation du périnée», rappelle le Pr Gérard Amarenco, chef du service de neuro-urologie de l'hôpital Tenon, à Paris et spécialiste en rééducation fonctionnelle. Il ne s'agit pas de laisser un appareil faire de la musculation passive mais d'apprendre à utiliser les muscles du périnée pour prévenir les fuites, par un apprentissage avec un professionnel spécialisé. La rééducation périnéale suffit à résoudre durablement la majorité des incontinences, à condition de maintenir la tonicité du périnée par des exercices réguliers. La rééducation d'une vessie distendue peut également être utile pour les femmes qui boivent trop et ne prennent pas le temps d'aller aux toilettes. «Il faut boire et uriner environ 1,5 l d'eau par jour, pas plus», rappelle le Dr Le Normand.

Une rééducation possible

Si une rééducation périnéale bien faite ne montre pas ses effets après 10 à 15 séances, il est possible d'envisager la pose chirurgicale d'une bandelette qui, placée sous l'urètre, lui servira de support lorsque la poussée abdominale s'intensifie pendant un effort. Ces bandelettes sous urétrales peuvent désormais être posées dans la journée, par une incision unique dans le vagin et sans cicatrice externe. Si le sphincter est à l'origine du problème, des équipes spécialisées pourront envisager la pose de prothèses sphinctériennes ou de ballonnets ajustables, encore à l'étude. Un essai prometteur de thérapie cellulaire vient également de se terminer en France. «Nous avons pu observer des effets cliniques sur les 5 patientes qui ont participé à l'étude», souligne le Pr René Yiou, directeur du centre de recherche chirurgicale Chopin basé à l'hôpital Henri-Mondor.

L'incontinence par impériosité, plus rare, est particulièrement affligeante. Liée à des troubles neuro-musculaires de la vessie, elle conduit à un besoin impérieux d'uriner qui ne peut pas être contrôlé. Les fuites sont alors importantes et conduisent les patients à organiser leur vie autour du temps de sécurité nécessaire pour atteindre des toilettes. La rééducation périnéale est également utile dans ce cas, d'autant plus que les deux types d'incontinence peuvent être associés. Des médicaments anticholinergiques permettent de calmer la vessie pour augmenter le délai de sécurité. Efficaces, ils présentent cependant l'inconvénient de provoquer fréquemment sécheresse de la bouche et constipation. Une nouvelle classe de médicaments, plus spécifiques, de la vessie et sans effets secondaires, a récemment été mise au point au Japon. Elle est déjà disponible dans plusieurs pays d'Europe et devrait obtenir une autorisation de mise sur le marché par l'Agence du médicament d'ici à quelques mois en France. Les spécialistes français attendent également l'approbation par la Sécurité sociale de la toxine botulique qui permet, dans certaines conditions, de rétablir des mictions spontanées sans fuites. La stimulation électrique des nerfs qui contrôlent le muscle vésical peut également apporter une solution à certains patients.

La prise en charge de l'incontinence est fonctionnelle: elle ne peut être mise en place que lorsque les fuites gênantes apparaissent. Pour éviter l'apparition de ces symptômes, des exercices simples permettent de maintenir, comme pour tous les muscles du corps, la tonicité des muscles du périnée tout au long de la vie.