Écrit par : Dominique Salomon – Edité par : Emmanuel Ducreuzet - Source : Nature, 17 juillet 2013 - Agence de la Biomédecine, 18 juillet 2013 – ANSM, 18 juillet 2013

La troisième copie des chromosomes 21, à l’origine du syndrome de Down, a été réduite au silence. C’est ce qu’a réussi une équipe de l’Université du Massachusetts dans un modèle de culture cellulaire de la maladie. Un espoir important dans la recherche d’un traitement de cette affection génétique, à l’heure où la France ouvre la porte aux tests diagnostics par prise de sang maternel.

Le syndrome de Down est une maladie génétique dans laquelle le chromosome 21 est présent en trois exemplaires au lieu de deux. Leur sur-expression affecte le développement de l’enfant. Or l’équipe du Dr Jeanne B. Lawrence a réussi à ‘désactiver’ le chromosome surnuméraire dans un modèle in vitro.

Pour ce faire, elle a utilisé des cellules souches induites dérivées de cellules provenant de patients trisomiques. Après en avoir extrait un gène baptisé XIST, les auteurs ont introduit ce même gène dans un des 3 chromosomes 21. Résultat, sa structure en a été modifiée et son ADN n’a plus été capable de s’exprimer. Si d’autres travaux sont nécessaires pour envisager un jour un traitement, cette découverte est une importante source d’espoir.

Bientôt un diagnostic plus sûr ?

A ce jour et depuis 2007, « toutes les Françaises peuvent, si elles le souhaitent, bénéficier du test de dépistage combiné au 1er trimestre de leur grossesse », rappelle l’Agence de la Biomédecine. Ce test associe les marqueurs sériques maternels, les mesures de la clarté nucale et de la longueur cranio-caudale de l’embryon. « Il évalue un risque qui permet aux femmes de choisir de faire un prélèvement invasif (amniocentèse par exemple) pour obtenir un diagnostic de trisomie 21. » L’amniocentèse – proposée lorsque le résultat est inférieur à 1 risque sur 250 – permet donc de faire le diagnostic de l’ensemble des anomalies chromosomiques, dont la trisomie 21. Mais elle induit un risque non-négligeable d’avortement spontané.

C’est pourquoi, le diagnostic réalisé à partir de l’ADN fœtal présent dans le sang maternel « sera un progrès s’il évite aux femmes à risque le prélèvement invasif avec une aussi parfaite fiabilité diagnostique que l’amniocentèse », indique l’Agence de la Biomédecine. Aux Etats-Unis et dans plusieurs pays européens, il est déjà disponible depuis début 2012. « Il devra toujours être proposé selon le choix de chaque femme enceinte et après la signature d’un consentement éclairé », ajoute l’Agence. C’est également l’avis du Comité consultatif national d’Ethique pour les sciences de la vie et de la santé (CCNE) rendu le 25 avril dernier.

Un schéma de dépistage encore inchangé

Actuellement, cette technique est encore en cours d’évaluation. Deux équipes des hôpitaux Necker (Paris) et Antoine-Béclère (Clamart) mènent actuellement des essais dans ce domaine. « Avant de passer à une application clinique en routine, où ce type de diagnostic serait proposé aux femmes les plus à risque, la Haute Autorité de Santé (HAS) sera en charge de l’évaluation. Et ce, avant toute évolution du schéma de dépistage national qu’elle avait élaboré en 2007 », précise l’Agence.

De son côté, l’Agence nationale de Sécurité du Médicament et des Produits de Santé (ANSM) rappelle qu’ « il n’existe pas (en France ndlr) d’autorisation de mise sur le marché (AMM) pour les dispositifs médicaux de diagnostic in vitro ». Et bien que certains soient déjà marqués de la norme CE (Lifecodexx® notamment), « les professionnels de santé restent tenus de respecter les recommandations nationales de bonnes pratiques », insiste l’Agence. « C’est à la Direction générale de la Santé (DGS) qu’il reviendra, après étude des nouvelles données disponibles et avis de la HAS, de faire évoluer le cas échéant la stratégie et les modalités du dépistage prénatal, notamment les recommandations de bonnes pratiques. »